(Washington) Un responsable scientifique limogé selon lui pour des raisons politiques a livré jeudi devant le Congrès américain un témoignage à charge contre le gouvernement de Donald Trump et sa réponse à la crise sanitaire.  

Rick Bright, dont une copie du témoignage avait été diffusée la veille, a averti une commission de la Chambre des représentants que les États-Unis pourraient connaître à la fin de l’année leur « hiver le plus sombre » depuis longtemps si rien n’était fait pour mieux coordonner la lutte contre la pandémie de nouveau coronavirus.

Dénonçant le manque de préparation et d’organisation au sommet de l’État, il a estimé que le développement d’un vaccin efficace prendrait « plus de temps » que les 12 à 18 mois régulièrement évoqués, et pointé l’échec de l’administration Trump à fournir suffisamment d’équipement de protection au personnel soignant.

Rick Bright dirigeait jusqu’à fin avril la Biomedical Advanced Research and Development Authority, une agence gouvernementale chargée de développer traitements et vaccins contre le nouveau coronavirus.  

Muté depuis à un autre poste, « plus limité », il clame avoir été mis au placard en raison notamment de son opposition à une utilisation large de la chloroquine, un médicament un temps vanté par Donald Trump.  

Le président américain a dit jeudi à des journalistes avoir regardé une partie du témoignage et n’avoir vu qu’une « personne aigrie et mécontente ».

« Je ne connais pas le soi-disant lanceur d’alerte Rick Bright […], mais il me semble être un employé aigri, ni apprécié, ni respecté des gens auxquels j’ai parlé et qui, du fait de son attitude, ne devrait plus travailler pour notre gouvernement ! », avait écrit plus tôt sur Twitter le milliardaire républicain.

Le département américain de la Santé a par ailleurs violemment attaqué M. Bright en l’accusant dans un communiqué jeudi de colporter « arguments biaisés et désinformation » et de chercher à « politiser la lutte contre la COVID-19 ».

« Il a été limogé pour avoir eu raison », a déclaré pour sa part Anna Eshoo, présidente démocrate de la commission de la Chambre des représentants qui entendait le scientifique.