(Washington) L’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 aux États-Unis n’a pas révélé de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump sans pouvoir exonérer le président républicain des soupçons d’obstruction à la justice, un crime pour lequel il ne peut être poursuivi pendant son mandat.  

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Donald Trump et Hillary Clinton lors d'un débat à St-Louis, en octobre 2016, un mois avant l'élection présidentielle.

• 22 juillet 2016 : le site WikiLeaks commence à publier des dizaines de milliers de courriels volés à l’équipe de campagne de la candidate démocrate Hillary Clinton. Le FBI soupçonne des hackers russes et ouvre secrètement une enquête sur une possible ingérence de Moscou dans l’élection.

• 6 janvier 2017 : dans un rapport, les services de renseignement américains affirment que le président russe Vladimir Poutine a ordonné une campagne d’intrusions informatiques et de manipulation des réseaux sociaux pour favoriser l’élection de Donald Trump et discréditer Hillary Clinton.

Trump commence à parler de «fake news» et de «chasse aux sorcières».

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Michael Flynn

13 février 2017 : Michael Flynn, conseiller à la Sécurité nationale du nouveau président, démissionne. Il est visé par une enquête pour avoir discuté, avant l’investiture de Donald Trump, avec l’ambassadeur russe à Washington. Il a depuis plaidé coupable de «parjure» et attend sa sentence.

9 mai 2017 : Donald Trump limoge le directeur du FBI James Comey, qu’il accuse d’être partial à son encontre.

Face aux réactions outrées, l’ancien directeur du FBI Robert Mueller est nommé, huit jours plus tard, procureur spécial chargé de l’enquête russe et bénéficie d’une grande marge de manœuvre.

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Paul Manafort

30 octobre 2017 : l’ex directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, et son ancien associé Rick Gates sont inculpés pour des fraudes liées à leurs activités de lobbying en Ukraine auprès des autorités prorusses, jusqu’en 2014.

Paul Manafort est arrêté en juin 2018 après avoir tenté de contacter des témoins. Il est condamné en février 2019 à sept ans et demi de prison sans avoir rien livré de significatif lors de ses interrogatoires. Donald Trump salue son «courage» et n’exclut pas de le gracier.

16 février 2018 : Robert Mueller met la pression sur le Kremlin en inculpant 13 Russes, dont un proche de Vladimir Poutine, Evgueni Prighozine, accusés d’avoir animé la campagne anti-Clinton et pro-Trump depuis l’Agence de recherche sur l’internet (Internet Research Agency) basée à Saint-Pétersbourg.

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Michael Cohen

9 avril 2018 : le FBI perquisitionne les bureaux et le domicile de l’avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, qui s’est longtemps présenté comme le «pitbull» de son patron, mais ne tarde pas à coopérer à l’enquête.

Il écope en décembre de trois ans de prison pour fraude, violation des lois sur la campagne électorale – il a payé en 2016 deux femmes pour qu’elles taisent leur liaison supposée avec Donald Trump – et parjure – il a menti au Congrès sur la poursuite jusqu’en juin 2016 de discussions sur la construction d’une Trump Tower à Moscou.

Il commence à purger sa peine le 6 mai.

13 juillet 2018 : Robert Mueller inculpe 12 agents du renseignement russes pour avoir piraté les ordinateurs du parti démocrate.

Trois jours plus tard, lors d’un sommet avec M. Poutine à Helsinki, Donald Trump refuse obstinément de condamner Moscou pour son rôle dans la campagne, suscitant un tollé à Washington.

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Roger Stone

25 janvier 2019 : l’ancien conseiller informel et vieil ami de Donald Trump, Roger Stone, est arrêté et inculpé par le procureur spécial, qui l’accuse d’avoir menti à ses enquêteurs au sujet de ses échanges avec WikiLeaks avant la publication des courriels démocrates. Remis en liberté sous caution, il refuse de plaider coupable.

22 mars 2019 : Robert Mueller transmet son rapport final au procureur général Bill Barr.  

Deux jours plus tard, Bill Barr informe le Congrès que l’enquête n’a pas trouvé de preuves de collusion entre la Russie et l’équipe de campagne de Donald Trump.  

Le président s’estime totalement exonéré.  

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18 avril 2019 : les plus de 400 pages du rapport final de Robert Mueller sont rendues publiques, expurgées des informations sensibles ou compromettantes. Le rapport détaille toutefois une dizaine de pressions troublantes exercées par le président républicain sur l’enquête.

29 mai 2019 : le procureur Mueller affirme, pour sa première déclaration publique sur l’enquête, que l’inculpation d’un président en exercice pour obstruction à la justice n’est «pas une option» légale, même s’il ne peut exonérer M. Trump de ces soupçons.