Le gouvernement américain rejette illégalement des demandes d'asile à la frontière du Mexique, affirme un rapport publié mercredi par l'association Human Rights First.

«Les agents de la police des frontières doivent envoyer les demandeurs d'asile ou ceux qui expriment des craintes de persécutions vers des entretiens d'évaluation ou vers un tribunal de l'immigration», explique ce rapport.

«Au lieu de cela des agents des frontières bloquent l'accès à l'asile en refusant de prendre en compte des demandes. Cette pratique enfreint la loi américaine et les obligations des États-Unis liées à des traités», ajoute-t-il.

L'étude a été menée entre février et avril 2017 auprès de 125 demandeurs d'asile ayant voulu traverser la frontière à partir de novembre 2016, a expliqué à l'AFP Corinne Duffy, porte-parole de l'association de défense des droits de l'homme.

Certains cas remontent à la fin de l'administration Obama, mais l'agence de protection des douanes et des frontières (CBP) «s'est enhardie depuis l'élection présidentielle de 2016», poursuit Mme Duffy.

Les demandeurs d'asile refusés illégalement à El Paso, Nogales ou San Diego, entre autres points de passage, se retrouvent bloqués au Mexique et deviennent des proies faciles pour «les cartels, passeurs et trafiquants», certains se faisant kidnapper, violer, détrousser, selon le rapport.

Selon Mme Duffy il est «impossible de dire exactement combien de demandeurs sont acceptés/refusés aux États-Unis», mais les statistiques récentes du CBP montrent que 8000 demandeurs ont vu leur dossier enregistré entre décembre 2016 et mars 2017.

Elle souligne que le nombre d'arrivées à la frontière a baissé ces derniers mois et que le phénomène est attribué à la «peur intense générée par la rhétorique (anti-immigration) de l'administration Trump».

Le rapport cite des témoignages selon lesquels certains agents de la police des frontières auraient faussement affirmé que seuls les chrétiens peuvent demander l'asile ou que les États-Unis n'acceptent pas de demandes actuellement.

Le rapport mentionne aussi une collaboration entre les États-Unis et le Mexique pour «bloquer l'accès aux points d'entrée américains et créer un système de rendez-vous à Tijuana utilisé par les agents du CBP pour justifier le renvoi des demandeurs d'asile».

Sollicité par l'AFP, le CBP n'a jusqu'à présent pas souhaité faire de commentaires.

D'après des porte-paroles du CBP cités par le New York Times, les directives sur les demandeurs d'asile n'ont pas changé ces derniers mois. Le quotidien, citant des statistiques officielles, écrit mercredi que 38 000 personnes ont pu demander l'asile politique devant un juge américain entre octobre et mars.