Après le formalisme de Washington, le golf en Floride: Donald Trump et Shinzo Abe se sont retrouvés samedi pour évoquer la diplomatie des États-Unis en Asie, sujet sur lequel le président américain a opéré un spectaculaire revirement.

Au lendemain de leur rencontre dans le Bureau ovale, les deux dirigeants ont passé toute la matinée ensemble, sous un soleil radieux, sur les verts du «Trump National Jupiter Golf Club», non loin de Mar-a-Lago, luxueuse résidence du magnat de l'immobilier.

Si les journalistes n'ont pas eu la moindre occasion de les apercevoir, le milliardaire septuagénaire a tweeté une photo sur laquelle on le voit, coiffé d'une casquette blanche, faire un «high five» (tape à la fois amicale et enthousiaste dans la main) avec le dirigeant japonais.

«Je passe un excellent moment en recevant le premier ministre Shinzo Abe aux États-Unis !», a-t-il ajouté.

Le chef de gouvernement japonais, qui a assuré que le niveau se son hôte était bien supérieur au sien, s'était réjoui par avance de cette partie «dans une atmosphère décontractée» devant lui permettre «de prendre le temps de parler avec Donald de l'avenir du monde et de l'avenir de la région».

Le rendez-vous a une saveur particulière pour Shinzo Abe. Il y a plus d'un demi-siècle, son grand-père, Nobusuke Kishi, alors premier ministre, avait partagé les joies du golf avec un autre président américain, Dwight Eisenhower.

Le premier ministre japonais a affiché sans détour sa proximité avec le nouveau locataire de la Maison-Blanche.

De fait, aucun dirigeant étranger n'a passé autant de temps avec Donald Trump depuis son élection à la tête de la première puissance mondiale.

Rencontre dans la Trump Tower à Manhattan peu après le scrutin, face-à-face dans le Bureau ovale, déjeuner de travail, dîner en Floride, journée entière sur les verts: la séquence est impressionnante.

Leurs épouses, Melania Trump et Akie Abe, ont visité ensemble les jardins japonais du Morikami Museum de Palm Beach.

Au moment où, perplexes, tous les présidents et chefs de gouvernement de la planète cherchent à mieux saisir ce président imprévisible qui mène une partie de sa diplomatie à coup de tweets cinglants, cette proximité est précieuse.

«Premier ministre Shinzo»

Après des déclarations tonitruantes en campagne et durant la période de transition, Donald Trump a effectué, sur l'Asie, un ajustement de taille au cours des dernières 48 heures.

Jeudi soir, il s'entretenait pour la première fois par téléphone avec son homologue chinois Xi Jinping et promettait de respecter le «principe de la Chine unique» interdisant tout contact diplomatique avec le frère ennemi taïwanais.

Cette prise de position conforme à la politique américaine depuis des décennies, représente un virage à 180 degrés pour le nouveau président républicain qui affirmait il y a quelque semaines que «tout était sur la table, y compris la Chine unique».

Vendredi matin, Donald Trump a aussi largement rassuré l'allié japonais à l'égard duquel il avait multiplié les déclarations inquiétantes - vu de Tokyo - durant la campagne.

Il a en particulier affirmé que l'alliance entre les deux anciens pays ennemis était «la pierre angulaire de la paix et de la stabilité dans la région du Pacifique».

Autre source de satisfaction pour le Japon: les deux dirigeants ont réaffirmé, dans un communiqué commun, que le Traité de sécurité américano-japonais s'appliquait à l'archipel des Senkaku, appelé Diaoyu en chinois et revendiqué par Pékin.

Ils ont exprimé leur opposition «à toute action visant à remettre en cause» l'administration de ces îles par le Japon.

Donald Trump et celui qu'il a appelé, par erreur dans un tweet, le «Premier ministre Shinzo», n'ont pas prévu de s'exprimer face à la presse samedi.

Ce dernier doit s'envoler pour le Japon dimanche matin.

Photo Joe Skipper, REUTERS

Melania Trump et Akie Abe au Morikami Museum.