Lorsque les premiers ambulanciers sont arrivés sur les lieux de la fusillade à la boîte de nuit Pulse à Orlando, ils pouvaient encore entendre des coups de feu retentir à l'intérieur de l'établissement.

Dans les cas de tireurs actifs, le gouvernement américain recommande, dans de récentes directives, que les employés des services médicaux d'urgence portent des gilets pare-balles et accompagnent les policiers dans des endroits potentiellement dangereux lorsque cela est possible.

Mais le 12 juin, les ambulanciers Josh Granada et Carlos Tavarez n'avaient pas de gilets pare-balles et n'ont jamais mis les pieds dans le bar gai. Ils ont plutôt traité les blessés dans le stationnement d'une boulangerie spécialisée dans les bagels de l'autre côté de la rue.

Au total, ils ont fait cinq voyages à l'urgence, transportant 13 blessés à un hôpital situé à quelques rues du Pulse. Auraient-ils pu sauver davantage de vies s'ils avaient eu des gilets pare-balles et étaient entrés dans la boîte de nuit, où 49 personnes ont été tuées et 53 autres blessées lors de la pire tuerie de masse de l'histoire des États-Unis? Difficile à dire, ont-ils répondu.

Depuis le massacre de l'école secondaire Columbine au Colorado en 1999, les ambulanciers tentent de déterminer à quel point ils devraient s'approcher de l'endroit où sévit un tireur actif lorsqu'ils savent que des blessés ayant besoin d'aide s'y trouvent.

Les directives gouvernementales laissent entendre que les chances de survie des victimes sont meilleures lorsque les employés des services médicaux d'urgence s'aventurent dans «la zone chaude».

Habituellement, les ambulanciers attendent que les lieux d'une fusillade soient déclarés complètement sécuritaires avant d'y aller. Mais les études sur les tueries de masse ont montré «les avantages à avoir du personnel médical et de sauvetage formé et équipé de manière appropriée dans la zone chaude pour maximiser le taux de survie des victimes», indique la politique de l'agence fédérale de gestion des urgences (FEMA) publiée en 2014.

«La FEMA encourage donc les services de premiers répondants à développer cette capacité», peut-on lire dans la politique.

À Columbine, certains survivants ont affirmé qu'un enseignant blessé décédé après avoir saigné pendant quatre heures aurait pu être sauvé s'il avait été traité plus tôt. Les pompiers et les ambulanciers ainsi que plusieurs policiers ont plutôt attendu avant d'entrer dans l'école. Treize personnes ont été tuées et 24 autres blessées dans cette tragédie.

En ce qui concerne la fusillade au Pulse, les employés des services médicaux d'urgence et d'incendie sont restés à l'écart de la zone dangereuse, en partie parce que le tireur, Omar Mateen, avait déclaré à la police qu'il avait des explosifs en sa possession, ce qui s'est plus tard révélé faux.

Près d'une dizaine de victimes sont mortes en route vers l'hôpital ou une fois arrivées à destination. Interrogé à savoir si l'une ou plusieurs de ces personnes auraient pu survivre si les ambulanciers avaient pénétré plus tôt dans le bar, Bryan Davis, le chef du service d'incendie local, a répliqué qu'il était difficile d'évaluer ce qu'ils auraient pu faire ou ne pas faire.

Il a toutefois soutenu que les ambulanciers appelés en renfort au Pulse avaient bien fait leur travail en donnant un coup de main aux forces de l'ordre et en transportant le plus rapidement possible les blessés vers le centre hospitalier.