Un possible djihadiste dans le Tennessee. Un suprématiste blanc en Caroline du Sud. Un ancien étudiant en neurosciences ayant semé la terreur dans un cinéma du Colorado.

La même journée, trois auteurs, présumés ou condamnés, de fusillades meurtrières ont partagé les gros titres de la presse aux États-Unis. Avec un fil rouge: un accès facile à des armes à feu.

La coïncidence a ravivé les appels au Congrès pour revoir la législation sur la vente d'armes dans le pays. Ce qu'il n'a pas entrepris, même après la tragédie de Newtown (Connecticut, nord-est) qui a fait 26 morts, dont 20 enfants, dans une école fin 2012.

«C'est l'un des jours les plus marquants dans l'histoire américaine en matière de violence avec des armes à feu», a indiqué Dan Gross, président de l'association Brady Campaign to prevent gun violence, cité dans un communiqué.

«Le même jour où un jury a rendu son verdict concernant un homme responsable d'un meurtre de masse dans un cinéma du Colorado, un autre s'est lancé dans une équipée mortelle et a tué quatre militaires américains», a-t-il relevé.

«Si ça n'incite pas les parlementaires à prendre un moment pour réfléchir aux conséquences de la violence par armes à feu dans notre pays, qu'est-ce qui le fera», s'est-il interrogé.

M. Gross faisait référence à James Holmes, reconnu coupable jeudi du meurtre de 12 personnes dans un cinéma d'Aurora (Colorado, ouest), où il avait ouvert le feu le 20 juillet 2012 en pleine projection.

Quelques heures avant ce verdict, Mohammad Youssuf Abdulazeez, né au Koweït, mais élevé aux États-Unis, a abattu quatre Marines à Chattanooga (Tennessee, sud) avant d'être tué par la police.

Toutes les options envisagées

M. Gross aurait également pu citer Dylann Roof, 21 ans, inculpé le 17 juin pour l'assassinat de neuf personnes lors d'une soirée d'étude biblique dans une église de la communauté noire à Charleston (Caroline du Sud, sud-est).

Roof est un partisan de la suprématie blanche qui avait justifié son geste par sa haine des Noirs. Selon plusieurs sources, il voulait déclencher une guerre raciale.

Les meurtres de masse -au moins quatre personnes tuées, selon la définition de la police fédérale- ne représentent que 1% des meurtres commis aux États-Unis, selon le quotidien USA Today. Mais il s'en produit environ un toutes les deux semaines, a relevé le journal, se basant sur des statistiques du FBI.

«L'accès facile à un nombre croissant d'armes létales est l'un des éléments quasiment communs à toutes ces attaques», a relevé Josh Sugarmann, directeur général du Violence policy center à Washington.

«Des vies sont perdues, des familles sont détruites et les communautés ont peur, et pourtant, trop souvent nous cherchons des réponses en ignorant les instruments mêmes qui sont utilisés pour perpétrer ces actes abominables», a-t-il déploré.

En vertu de la Constitution, chaque Américain a le droit de «posséder et de porter une arme», un principe jalousement protégé par des millions de détenteurs d'armes respectueux de la loi considérant qu'il s'agit notamment d'un symbole de liberté.

Après le massacre de Newtown, le président Barack Obama avait réclamé des contrôles plus stricts sur la vente de fusils d'assaut de type militaire, comme celui utilisé par le tireur de 20 ans, Adam Lanza.

- Réforme bloquée au Sénat -

Mais l'influence de la National Rifle Association (NRA) et de l'industrie des armes est tellement puissante sur le Congrès que la législation visant à renforcer la vérification des antécédents criminels pour toutes les ventes d'armes n'a jamais franchi le Sénat.

Un sondage de l'institut Pew Research réalisé fin 2014 a révélé que, pour la première fois en plus de vingt ans, davantage d'Américains soutenaient le droit au port d'armes (52%) que ceux prônant un contrôle (46%).

Mais les vérifications existantes, limitées, ne peuvent éviter une vente à une personne connue des forces de l'ordre. C'est le cas de Dylann Roof qui a acheté un pistolet quelques semaines après son arrestation dans une affaire de stupéfiants, profitant de défaillances dans le système de vérification du FBI.

Les enquêteurs n'ont pas encore expliqué comment Abdulazeez s'était procuré ses armes. Ils ont indiqué vendredi qu'il avait «au moins deux armes longues» et «une arme de poing», dont «certaines (...) achetées légalement».

Dans les mois précédents le massacre dans le cinéma, Holmes avait acheté deux pistolets Glock, un fusil semi-automatique, un fusil de chasse et 6.300 munitions, en personne et sur internet. En toute légalité.