Les républicains du Congrès américain ont promis jeudi de résister, éventuellement en utilisant le moyen de pression du budget, au plan de régularisations de plusieurs millions de sans-papiers que Barack Obama s'apprêterait, selon le New York Times, à annoncer.

Au risque d'un affrontement politique majeur, le président Obama a annoncé la semaine dernière qu'il signerait d'ici la fin de l'année une série de décrets pour apporter une solution aux millions de sans-papiers, en majorité mexicains, qui vivent aux États-Unis, un plan qui pourrait s'inspirer du programme créé en 2012 pour les clandestins arrivés enfants sur le territoire américain.

Selon des responsables américains cités de façon anonyme par le quotidien jeudi, les parents d'enfants ayant la citoyenneté américaine ou un permis de séjour permanent (carte verte) pourraient se voir offrir, pour une durée déterminée, des papiers leur permettant de travailler légalement et d'être protégés contre une expulsion.

Au total, jusqu'à cinq millions de clandestins pourraient être concernés, selon le journal. Leur nombre exact dépendra des critères fixés par Barack Obama, notamment le nombre d'années de présence aux États-Unis. Au total, environ 11,7 millions de sans-papiers vivent aux États-Unis, selon le Migration Policy Institute, sur une population d'environ 319 millions d'habitants.

Aucune annonce officielle ne devrait avoir lieu avant le retour de Barack Obama d'une tournée asiatique, samedi.

«Le président est proche d'une décision finale», a dit jeudi son porte-parole, Josh Earnest. «Je pense que le président recevra une recommandation finale assez rapidement, mais certainement pas avant la fin de son voyage».

D'autres mesures du plan, qui comporte 10 points selon Fox News, concerneraient notamment la sécurité à la frontière, la rémunération des policiers à la frontière avec le Mexique et les visas pour les étrangers hautement qualifiés.

Les républicains, vainqueurs des législatives du 4 novembre, mettent en garde depuis plusieurs mois la Maison-Blanche contre de telles mesures, qu'ils qualifient d'amnistie. Les fuites de jeudi ont suscité de nouvelles déclarations de défiance.

«Nous nous battrons bec et ongles contre le président s'il persévère», a déclaré jeudi le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner. «Ce n'est pas comme cela qu'on gouverne».

«Toutes les options sont sur la table», a-t-il ajouté, sans dévoiler sa stratégie exacte.

Des conservateurs le pressent d'utiliser la loi de finances que le Congrès doit impérativement adopter d'ici le 11 décembre pour bloquer toute initiative présidentielle, en y glissant un article coupant les fonds nécessaires à la mise en place du plan de régularisations.

Mais cette tactique controversée pourrait conduire à une impasse et à la fermeture partielle de l'État fédéral («shutdown»). Un scénario déjà éprouvé en octobre 2013 et que les chefs républicains disent vouloir éviter à tout prix.

«Nous ne fermerons pas l'État fédéral et nous ne menacerons pas de faire défaut sur la dette nationale», a coupé court Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat.

Le sénateur John McCain, partisan d'une réforme du système d'immigration depuis plusieurs années, a plaidé pour que Barack Obama donne une nouvelle chance au Congrès pour avancer sur le dossier.

Mais les démocrates, comme le président, disent avoir perdu patience. Dans une lettre à Barack Obama, 116 représentants démocrates l'enjoignent à concrétiser sa promesse.

«N'oublions pas que ce sont les républicains du Congrès qui avaient également bloqué des projets de réforme en 2006 et 2007», soulignent les élus.