Largement désavoués par le public américain depuis le début de la paralysie partielle de l'État fédéral, les élus républicains de la Chambre des représentants ont fait hier une première concession à Barack Obama, qui s'est cependant gardé de l'accepter sur-le-champ.

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Au sortir d'une réunion matinale avec ses troupes, le président de la Chambre, John Boehner, a annoncé qu'il tiendrait sous peu un vote pour relever de façon temporaire le plafond de la dette publique des États-Unis, actuellement d'environ 16 700 milliards de dollars. En échange d'un tel vote, le président et ses alliés démocrates du Congrès devraient promettre de participer à des négociations pour réduire les déficits budgétaires à long terme et réformer le code fiscal.

Or, à la fin d'une journée qui aura vu Wall Street se réjouir de la possibilité d'une solution temporaire à une crise de la dette - appréhendée par tous -,

le président s'est montré circonspect. Lors d'une rencontre à la Maison-Blanche avec 20 élus républicains de la Chambre, il a fait valoir que leur plan ne mettrait pas fin à la paralysie de l'État fédéral, qui dure depuis le 1er octobre en raison d'une impasse sur le budget 2014.

Les élus républicains ont répliqué qu'ils pourraient approuver une réouverture des services fédéraux au début de la semaine prochaine si le président acceptait leur offre.

«Le président n'a pas dit oui, il n'a pas dit non», a déclaré le représentant du Wisconsin Paul Ryan, l'un des participants à la rencontre.

«Nous avons mis une offre sur la table. Nous avons eu une conversation longue et franche sur le sujet. Nous avons convenu de continuer à parler et à négocier», a-t-il ajouté.

La Maison-Blanche s'est également dite prête à poursuivre les pourparlers avec les républicains de la Chambre.

«Après une discussion sur les voies de progrès possibles, aucune décision n'a été prise», a indiqué la Maison-Blanche dans une déclaration écrite. «Le président continue d'espérer faire des progrès avec les membres des deux partis.»

Une percée

Malgré la réaction circonspecte du président Obama, l'offre des républicains de la Chambre représente une percée après plus d'une semaine de débats tendus à Washington. La Chambre pourrait organiser dès aujourd'hui son vote sur un relèvement du plafond de la dette jusqu'au 22 novembre.

Selon le Trésor américain, les États-Unis risquent de se trouver en situation de défaut de paiement si le Congrès ne relève pas la limite légale de la dette avant le 17 octobre. Un défaut de paiement mènerait au «chaos», a affirmé hier le secrétaire au Trésor, Jack Lew, lors d'une audition devant une commission du Sénat.

Les élus républicains du Sénat ont également présenté un plan pour mettre un terme à la paralysie de l'État fédéral et assurer le relèvement du plafond de la dette pour une période de trois mois.

Ces signes de dégel ne sont pas étrangers à la réaction négative du public américain à l'égard des tactiques républicaines qui ont contribué à la crise actuelle à Washington. Selon un sondage Gallup publié avant-hier, seulement 28% d'Américains ont une opinion favorable au Parti républicain, un record d'impopularité depuis le début de cet indice.

Cela dit, les élus républicains issus du Tea Party pourraient voter en bloc contre un relèvement du plafond de la dette, ayant promis de ne jamais accepter une telle mesure. Ils pourraient aussi se rebeller contre le fait que les dirigeants républicains semblent avoir complètement abandonné leurs demandes concernant la réforme de la santé de Barack Obama, leur fixation et bête noire.