Une élue démocrate du Texas a entamé, mardi, ce qui pourrait être un discours de 13 heures afin de bloquer un projet de loi qui aurait pour effet de fermer la plupart des cliniques d'avortement dans le deuxième État le plus peuplé des États-Unis.

Afin de pouvoir poursuivre son discours jusqu'à minuit dans le cadre de cette procédure d'obstruction parlementaire, la sénatrice Wendy Davis, âgée de 50 ans, devra parler sans s'asseoir, s'appuyer sur son bureau ni prendre de pause, pas même pour manger ou aller aux toilettes. La chaise de son bureau a été enlevée.

Elle a atteint la moitié de son objectif en début de soirée mardi et est restée impassible quand un manifestant s'est levé et a crié: «L'avortement est un génocide!». Le manifestant a été expulsé par les agents de sécurité.

À minuit, le Sénat du Texas, à majorité républicaine, clôturera sa séance extraordinaire de 30 jours. Dans sa déclaration d'ouverture, la sénatrice Davis a déclaré que les efforts des républicains pour faire adopter ce projet de loi étaient «un pur abus de pouvoir».

Le Texas est l'un des États américains qui ont décidé de s'attaquer à la décision historique de la Cour suprême ayant légalisé l'avortement en 1973.

Le projet de loi étudié au Texas interdirait l'avortement après 20 semaines de gestation et forcerait plusieurs cliniques qui réalisent cette procédure à améliorer leurs installations. Les médecins devraient avoir accès à un hôpital situé à moins de 48 kilomètres de leur clinique, un défi dans les communautés rurales de ce vaste État.

Si le projet de loi est adopté, «l'avortement sera virtuellement banni au Texas et de nombreuses femmes pourraient être forcées d'avoir recours à des mesures dangereuses», a estimé Cecile Richards, présidente de l'organisation Planned Parenthood Action Fund.

Les démocrates du Texas ont choisi Wendy Davis pour bloquer le projet de loi à cause de son expérience personnelle. Mme Davis a elle-même eu un premier enfant quand elle était adolescente et elle est ensuite devenue diplômée de la Faculté de droit de Harvard.

Chaussée de souliers de tennis roses en prévision des longues heures qu'elle devrait passer debout, la sénatrice a été accueillie par les applaudissements nourris et les acclamations de centaines de militants du droit à l'avortement.

Elle entend passer une bonne partie de son discours à lire des témoignages de femmes et de médecins qui seraient touchés par les changements envisagés. Durant un récit racontant la grossesse difficile d'une femme, la voix de Mme Davis s'est étranglée à plusieurs reprises et elle a essuyé quelques larmes.