«L'attentat de Boston est juste une infime fraction de ce que les soldats américains infligent à des millions de musulmans innocents.»

C'est ainsi qu'hier matin, le groupe islamiste somalien al-Shebab, lié à Al-Qaïda, à réagir par l'entremise de son compte Twitter.

«Amputation signifie que certains ne seront plus jamais capables de courir un marathon», a-t-il renchéri, aussi cinglant.

D'autres individus et organisations djihadistes ont diffusé des commentaires similaires sur les médias sociaux.

Au-delà de ces démonstrations de propagande prévisibles, souvent euphoriques, le flou demeure, faute de revendication, sur le ou les véritables instigateurs de l'attentat. Même si la méthode rappelle celle préconisée et déjà employée par des groupes adeptes du djihad violent.

À Paris, en 1995, plusieurs attentats attribués au GIA algérien ont été commis avec des bombes artisanales bourrées de clous et d'écrous. L'une d'elles était dissimulée dans un autocuiseur.

Alors, djihadistes, miliciens d'extrême droite, libertariens, suprémacistes blancs ou autres antigouvernementaux? Groupe ou loup solitaire intérieur?

Seuls les talibans pakistanais ont nié toute implication.

Marc Sageman, conseiller du gouvernement américain sur la violence politique et auteur d'ouvrages sur le terrorisme, explique que «la plupart des groupes connus des services de renseignement sont surveillés. Il y a des chances que ce soit plutôt un groupe ou un individu inconnu, qui plane sous leur radar», a-t-il dit à La Presse.

Ray Boisvert, ex-numéro deux du Service canadien du renseignement de sécurité, laisse lui aussi la porte ouverte. «Il y a tellement de possibilités, de l'extrême droite aux islamistes, mais je me risquerai à placer des États comme l'Iran ou la Corée du Nord en bas de ma liste de suspects.»

Menaces de droite et de gauche

Le service de renseignement canadien s'est penché en 2011 sur toutes les menaces à la sécurité nationale provenant d'extrémistes, tant de gauche que de droite.

Dans ce document «secret», les analystes insistent sur le cas du «solitaire» norvégien Anders Breivik, qui a posté sur le web un manifeste-mode d'emploi accessible à tous et «extrêmement détaillé» pour «planifier une attaque», y compris «l'assemblage d'une bombe».

Par ailleurs, dans bulletin d'alerte rédigé en 2012, le renseignement canadien considérait notamment Al-Qaïda en péninsule arabique (AQAP) comme l'une des grandes menaces actuelles pour les États-Unis et notait sa préférence pour des «attaques de plus petite échelle» contre des «cibles hautement symboliques».

Autant de pistes désormais entre les mains du FBI.

De ce côté-ci de la frontière, on croise les doigts. «La grande crainte de nos services ici, à cause des répercussions que cela engendrerait, selon Ray Boisvert, a toujours été un attentat en sol américain qui serait initié au Canada.»