L'aventurier autrichien qui devait s'élancer cet après-midi des confins de l'atmosphère pour franchir le mur du son doit reporter sa tentative à cause de vents trop puissants dans le ciel du Nouveau-Mexique.

Felix Baumgartner, qui s'entraîne depuis 5 ans pour ce saut, espère battre une série de records, parmi lesquels le saut le plus haut - plus de trois fois l'altitude moyenne d'un avion de ligne - et la vitesse la plus rapide atteinte par un être humain en chute libre.

Les conditions météorologiques retardaient mardi matin le décollage du ballon gonflé à l'hélium qui doit transporter jusqu'à l'altitude de 36 576 mètres (120 000 pieds) la capsule d'où sautera Baumgartner, ont annoncé les organisateurs.

Attendu initialement vers 08h00, le décollage du ballon devait avoir lieu mardi après-midi. Un autre essai aura lieu mercredi a annoncé la mission Stratos sur son site internet.

Sa tentative, initialement prévue lundi, avait déjà été repoussée d'une journée en raison notamment de températures trop froides et d'un vent trop fort dans la région de Roswell, où se tient l'expérience.

L'ascension devrait prendre de deux à trois heures. La descente, si tout se passe bien, ne devrait pas durer au total plus de 20 minutes.

Au cours de ce saut, l'Autrichien, âgé de 43 ans, vêtu d'une combinaison pressurisée, tombera en chute libre pendant 5 minutes, avant d'ouvrir son parachute à 1500 mètres d'altitude. S'il parvient à franchir le mur du son, à 1227,6 km/h, Felix Baumgartner ira aussi vite qu'une balle de pistolet.

Le plus grand danger pour l'aventurier est de perdre le contrôle de la manoeuvre et de se mettre à tourner sur lui-même, entraînant une perte de connaissance.

«Sur une mission comme celle-là, vous devez être prêt mentalement et avoir un contrôle absolu de vos mouvements, et je suis parfaitement préparé», a-t-il expliqué.

Un record vieux de 52 ans

Les organisateurs, forts d'une équipe de 100 personnes, espèrent également, avec ce saut, contribuer à la recherche médicale en matière aéronautique.

«Nous allons créer un précédent pour l'aviation. Personne n'a jamais franchi le mur du son sans être à l'intérieur d'un aéronef», a déclaré le responsable médical de la mission, le professeur Jonathan Clark, qui fut le chirurgien des équipages de six vols des navettes spatiales américaines.

La mission va tester «de nouveaux équipements et développer des procédures de survie à très haute altitude et dans des situations d'accélération extrême», qui permettront d'améliorer la sécurité des astronautes et des éventuels futurs touristes de l'espace, a-t-il ajouté.

Le saut sera retransmis en direct sur le site internet de la mission, www.redbullstratos.com, grâce à plus de 35 caméras au sol et dans les airs, dont certaines accrochées à la combinaison de Felix Baumgartner.

Pour préparer cette expérience, le Salzbourgeois s'est déjà jeté à deux reprises, avec succès, en mars et juillet dernier d'une altitude de 21 600 m et de 29 456 m. Avant le projet «Stratos», Felix Baumgartner s'était signalé par des sauts depuis le World Financial Center T101 à Taipei (Taiwan) et depuis la statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro.

Le record de saut en parachute en chute libre est détenu depuis 1960 par un ancien colonel de l'aviation américaine, Joe Kittinger, qui, à partir d'un ballon gonflé à l'hélium, avait sauté de 31.333 m.

Le vétéran, aujourd'hui âgé de 83 ans, fait lui aussi partie de la mission Stratos. «L'homme a toujours été curieux, et veut toujours aller plus vite, plus haut, plus bas, plus profond - c'est l'un des défis de l'humanité. On veut toujours dépasser nos limites», a-t-il expliqué.