Les avocats de Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats du 11-Septembre, ont annoncé mardi avoir demandé une enquête au rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Juan Mendez, sur les mauvais traitements que leur client dit avoir subis.

«En cette journée internationale (mardi) de soutien aux victimes de la torture», la défense de Khaled Cheikh Mohammed a indiqué avoir adressé une «lettre d'allégation» à M. Mendez, «première étape d'une enquête des Nations unies sur des accusations de torture».

Les avocats avaient envoyé cette requête à la veille de la mise en accusation, le 5 mai dernier à Guantanamo, de leur client qui encourt la peine capitale.

Les premiers aveux du Pakistanais, alias KSM, ont été recueillis sous la torture, après 183 simulations de noyade et 7 jours et demi d'affilée de privation de sommeil dans une prison secrète de la CIA, selon un rapport du renseignement américain.

Dans cette «lettre d'allégation», dont l'AFP a obtenu une copie, les avocats demandent au rapporteur spécial Juan Mendez d'«ouvrir une enquête complète, juste et impartiale sur la conduite des États-Unis et d'un autre éventuel pays complice».

«Après avoir soumis M. Mohammed à la torture et à un traitement cruel, inhumain et dégradant à la suite de sa capture le 1er mars 2003 à Rawalpindi, au Pakistan, le gouvernement américain l'a contraint au silence», poursuit le document. «En l'absence d'un laisser-passer top secret, personne n'est autorisé à le rencontrer ou à lui parler. Ses avocats sont priés de considérer chacun de ses mots comme +présumé classé secret-défense+», ajoute-t-il, en invitant M. Mendez à demander à rencontrer le détenu le plus célèbre de Guantanamo.

«Les États-Unis cherchent à clore ce pénible et sombre chapitre de l'histoire de notre pays en tuant M. Mohammed après un procès spectacle», argue la défense dans cette lettre.

«Personne ne doit être torturé», a écrit le capitaine Jason Wright, l'un des avocats militaires de KSM, dans un communiqué. «Depuis le 11-Septembre, les États-Unis ont perdu leur sens moral. En rendant des comptes, nous pouvons espérer enfin nous retrouver».