Les candidats républicains à la Maison Blanche courtisaient vendredi le vote hispanique en Floride, crucial dans cet État où se tient mardi une primaire décisive, alors que le modéré Mitt Romney semblait reprendre l'ascendant sur son principal rival Newt Gingrich.

Selon une enquête de l'Université Quinnipiac, le multimillionnaire Romney recueille 38% des intentions de vote en Floride, soit une avance de neuf points sur le conservateur Gingrich (29%). L'isolationniste Ron Paul s'affiche à 14% et l'ultraconservateur Rick Santorum tombe à la quatrième place (12%).

Mais à quatre jours de la consultation, la quatrième de la saison des primaires, 32% des personnes interrogées estiment qu'elles peuvent encore changer d'avis.

Lors d'une conférence organisée par le Réseau des dirigeants hispaniques à Doral, à l'ouest de Miami, M. Romney a indiqué que s'il était élu président il désignerait «un émissaire chargé de la démocratie et des libertés en Amérique latine», pour déterminer quels pays sont en progrès ou à la traîne en termes de libertés, et surtout «quels sont ceux qui s'alignent derrière (Hugo) Chavez et (Raul) Castro», les dirigeants respectifs du Venezuela et de Cuba et «ennemis» des États-Unis.

Newt Gingrich, également présent à la conférence, a estimé qu'Hugo Chavez pouvait être considéré comme la menace la plus importante pour les États-Unis depuis l'époque de l'Union soviétique, du fait de ses alliances dans la région et de ses liens avec le régime iranien.

MM. Romney et Gingrich se sont lancés à la conquête du vote hispanique dans la perspective de la primaire décisive de Floride. L'électorat hispanique dans cet État du sud-est représente 13,1% des votants, dont 452 000 affiliés au parti républicain et 564 000 au parti démocrate.

Jeudi soir, Mitt Romney, dont l'élan a été cassé la semaine dernière par la victoire de Newt Gingrich à la primaire de Caroline du Sud, a marqué des points en se montrant plus incisif face à son adversaire lors d'un débat télévisé.

Newt Gingrich a en particulier accusé Mitt Romney d'être «anti-immigration», suscitant l'ire de ce dernier. «C'est tout simplement inexcusable», a martelé M. Romney. «Je ne suis pas anti-immigration. Mon père est né au Mexique. Le père de ma femme est né au Pays de Galles. (...) L'idée que je sois anti-immigration est repoussante».

M. Gingrich, qui publie chaque semaine un bulletin en espagnol intitulé «Newt con nosotros» (Newt avec nous), avait lancé mercredi depuis Miami, capitale américaine des Cubains anticastristes en exil, l'idée d'un «printemps cubain» pour mettre fin au régime communiste à La Havane.

Avec ses 4 millions d'électeurs républicains, la Floride est un État particulièrement convoité car elle rapportera au gagnant de la primaire le soutien de 50 délégués. Pour remporter l'investiture du parti, un candidat doit recueillir 1144 délégués à l'issue des primaires qui seront organisées d'ici à l'été dans les différents États.

Lors d'une réunion électorale jeudi, l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush a insisté sur la nécessité de prendre en compte le vote hispanique. Si le parti républicain continue à ignorer cet électorat, «je pense que les candidats conservateurs perdront» contre Barack Obama lors de la présidentielle du 6 novembre, a-t-il averti.