Le candidat républicain à la présidentielle américaine Herman Cain a averti mardi ses détracteurs qu'il ne renoncerait pas à la course à l'investiture malgré les accusations de harcèlement sexuel portées contre lui, alors que le scandale pèse de plus en plus sur sa campagne.

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«Concernant les accusations les plus récentes, je n'ai jamais agi de façon déplacée avec quiconque. Point», a déclaré M. Cain lors d'une conférence de presse à Phoenix, en Arizona.

«Et quant à savoir si ces accusations pourraient me faire jeter l'éponge, et peut-être me retirer de la course aux primaires (républicaines) cela ne se produira pas, car je fais cela pour le peuple américain», a-t-il ajouté.

«Nous n'allons pas laisser Washington ou les politiques m'enlever l'opportunité de représenter cette grande nation», a insisté le candidat de 65 ans, ancien patron d'une chaîne de pizzerias.

Sharon Bialek, mère d'un enfant de 13 ans, accuse M. Cain d'avoir voulu obtenir des faveurs sexuelles lors d'une rencontre en juillet 1997 à Washington, alors qu'elle l'avait contacté pour qu'il l'aide à retrouver du travail.

Elle est la 4e femme depuis fin octobre à mettre en cause M. Cain pour des faits de harcèlement sexuel, mais la première à sortir de l'anonymat.

«Maintenant, la machine démocrate aux États-Unis présente une femme en détresse pour proférer de fausses accusations», a ajoué M. Cain, seul Noir parmi les huit prétendants à l'investiture républicaine pour la course à la Maison-Blanche.

Invité par un journaliste à préciser qui il désignait derrière la «machine démocrate», il a répondu ne pas être en mesure «de pointer du doigt quiconque pour l'instant».

Un peu plus tôt mardi, une deuxième femme, Karen Kraushaar, employée au département du Trésor, est elle aussi sortie de l'anonymat. Elle affirme être l'une des deux femmes avec lesquelles Herman Cain avait conclu un règlement à l'amiable dans les années 90 après avoir été, selon elle, victime de harcèlement sexuel lorsqu'elle était employée de l'Association nationale des restaurateurs, dont le candidat était alors président.

Ces scandales à répétition empoisonnent la campagne de M. Cain, même si les sondages lui restent encore très favorables.

Signe de la pression croissante sur les épaules de M. Cain, son principal rival dans la course à l'investiture républicaine, Mitt Romney, a commenté l'affaire pour la première fois.

«Ce sont des accusations graves (...) qui doivent être traitées sérieusement», a-t-il déclaré mardi sur ABC.

Selon une enquête Wall Street Journal / NBC Television publiée mardi, M. Cain, qui entend séduire l'électorat conservateur, recueillerait 27% des intentions de vote auprès des électeurs républicains, contre 28% pour Mitt Romney, les deux hommes devançant largement leurs poursuivants.

Ce sondage prend en compte les trois premières affaires, mais pas les dernières révélations, très crues, de Mme Bialek, qui a affirmé lundi que M. Cain avait «glissé la main sous (sa) jupe pour atteindre son sexe» alors qu'ils se trouvaient seuls dans une voiture.

Et si M. Cain fait preuve de pugnacité dans ce qu'il qualifie lui-même de «tempête», Mme Bialek affiche la même détermination.

«Je ne suis pas une menteuse», a-t-elle déclaré mardi sur ABC, soulignant qu'elle n'avait «pas été payée» pour lancer ces accusations. «Je fais cela parce que c'est la bonne chose à faire».

Accompagnée de son avocate Gloria Allred, dont le cabinet a travaillé sur plusieurs dossiers très médiatiques et qui est connue pour son engagement en faveur des démocrates, Mme Bialek s'est également exprimée sur la chaîne CNN.

«J'aurais pu vendre mon histoire, mais je ne l'ai pas fait (...). Mon seul objectif, c'est de dire la vérité et d'aider des gens qui pourraient être dans la même situation», a-t-elle répété.

Photo: AFP

Sharon Bialek