À première vue, Donald Trump et Mitch Daniels ne se comparent d'aucune façon. L'un est un milliardaire haut en couleur qui tient la vedette d'une des émissions de téléréalité les plus populaires aux États-Unis. L'autre est un gouverneur au style neutre qui prône et pratique l'austérité budgétaire dans son État du Midwest, à l'extérieur duquel il est très peu connu.

Or, aussi différents puissent-ils être l'un de l'autre, Trump et Daniels ont désormais deux choses en commun: ils songent à briguer la Maison-Blanche en 2012; et ils ont attiré l'attention lors d'un grand rassemblement de conservateurs, tenu de jeudi à samedi à Washington, où plusieurs autres prétendants républicains ont testé leur popularité à 21 mois de l'élection présidentielle.

«Les États-Unis sont en train de devenir la risée du monde», a déclaré Trump jeudi à la tribune de la Conférence d'action politique des conservateurs (CPAC), grand-messe annuelle qui a attiré 11 000 dirigeants et militants de la droite américaine.

«Si je décide de me lancer dans la course et si je gagne, ce pays sera de nouveau respecté», a-t-il ajouté devant une salle bien remplie et enthousiaste, après avoir dénoncé la politique de Barack Obama à l'égard de la Chine et des pays exportateurs de pétrole.

Le magnat de l'immobilier à la coiffure invraisemblable a souligné qu'il ne briguerait pas la présidence si un candidat «fantastique» se manifestait chez les républicains. C'est alors qu'un membre de l'auditoire a crié le nom du représentant du Texas, Ron Paul, qui a déjà été candidat présidentiel à deux reprises.

«J'aime bien Ron Paul. Je pense que c'est un bon gars, mais honnêtement, il a zéro chance d'être élu», a déclaré Trump, soulevant les rires et les applaudissements des spectateurs, à l'exception des partisans de Paul, qui ont fait entendre des huées.

Bien sûr, Donald Trump n'a peut-être lui-même aucune chance d'être élu à la Maison-Blanche. Il se peut même qu'il n'entretienne le suspense autour de ses ambitions présidentielles que pour la publicité dont il peut en tirer. Mais, à en juger par la réaction des militants et des journalistes à Washington, sa candidature ne laisserait personne indifférent.

Quant à Ron Paul, il n'a peut-être aucune chance d'être élu à la présidence, mais il a remporté pour la deuxième année consécutive le straw poll (vote de paille) organisé à la fin de la conférence. Fort populaire auprès des libertariens, le représentant texan a récolté 30% des voix contre 23% pour son plus proche rival, Mitt Romney, ancien gouvernement du Massachusetts. Les autres candidats potentiels à la Maison-Blanche ont tous obtenu moins de 10% des voix, y compris Chris Christie, gouverneur du New Jersey (6%), Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants (5%), Tim Pawlenty, ancien gouverneur du Minnesota (4%), et Sarah Palin, ex-gouverneure d'Alaska (3%).

Même si elle faisait partie des grands absents de la CPAC, Sarah Palin a réussi à faire parler d'elle au cours du week-end. Elle a annoncé l'embauche de Michael Glassner, ancien conseiller de Bob Dole et de John McCain, comme directeur de cabinet de son organisation politique. Plusieurs commentateurs ont interprété cette décision comme un signe annonciateur d'une candidature de la républicaine à la présidence en 2012.

Daniels gagne le respect

Le gouverneur de l'Indiana Mitch Daniels, qui a récolté 4% des suffrages lors du vote de paille samedi, n'a ni le charisme d'une Sarah Palin ni le bagout d'un Donald Trump, mais il a gagné le respect de plusieurs militants conservateurs et analystes politiques avec un discours qui tranchait par son sérieux et sa civilité sur les autres. Il a laissé aux Romney, Gingrich et Pawlenty les attaques sarcastiques sur Barack Obama, s'employant plutôt à décrire la «nouvelle menace rouge» qui guette les États-Unis. Il faisait ainsi référence à la dette publique américaine, qui a franchi récemment le cap des 14 000 milliards de dollars.

«Rien, pas même la première et plus importante mission du gouvernement, notre défense nationale, ne peut être exempté» de coupes, a-t-il déclaré.

Le gouverneur a également prêché en faveur d'une approche politique moins sectaire afin de permettre aux républicains de remporter les majorités dont ils ont besoin pour réduire véritablement la taille du gouvernement.

«Nous avons appris en Indiana que les grands changements nécessitaient de grandes majorités. Nous aurons besoin des gens qui n'écoutent jamais Rush (Limbaugh), Glenn (Beck), Laura (Ingraham) ou Sean (Hannity)», a-t-il dit en énumérant les prénoms d'animateurs conservateurs de la radio ou de la télévision.