Le premier Congrès des États-Unis de l'ère Obama a été l'un des plus prolifiques depuis le président Lyndon Johnson dans les années 1960 même si, miné par l'impopularité, il devra laisser la place en 2011 à un Congrès à dominante républicaine.

«Le 111e Congrès est l'un des Congrès les plus productifs dans l'histoire américaine, depuis la "Grande Société" (ensemble de réformes sociales adoptées au milieu des années 1960, ndlr)», a affirmé à l'AFP Stephen Hess expert en politique américaine au cercle de réflexion la Brookings Institution.

En janvier 2009, Barack Obama n'était pas encore investi que les tractions ont commencé pour l'adoption d'un vaste plan de relance de l'économie américaine frappée de plein fouet par la pire crise économique depuis les années 1930. Un mois plus tard, les élus ont adopté un plan massif de 814 milliards de dollars.

Début 2010, au terme de longs mois de négociations avec les républicains retranchés dans leur opposition, le Congrès a adopté une vaste réforme de la couverture maladie. Les démocrates sous la houlette de Nancy Pelosi à la Chambre des représentants et de Harry Reid au Sénat, ont réussi là où d'autres responsables politiques avaient échoué depuis des générations.

Peu après, une grande réforme de la régulation financière a été adoptée.

Toutefois, M. Hess précise que comparer la «Grande Société» au 111e Congrès revient à «comparer des pommes et des oranges». La législature en place sous Lyndon Johnson a créé le Medicare (couverture santé des personnes âgées), le Medicaid (couverture santé pour les pauvres) et adopté des lois contre la ségrégation raciale.

Pour John Pitney, professeur de Sciences politiques au Claremont McKenna College, les réformes du 111e Congrès ne sont «peut-être pas du même niveau (que celle du président Johnson), mais c'est dans la même catégorie en terme de productivité pure».

En revanche dès 2009, le mouvement ultraconservateur du Tea Party s'est chargé d'amplifier les frustrations des Américains sur l'économie et le chômage qui stagne toujours non loin de la barre des 10%. L'impopularité du Congrès a grandi et mené à la «raclée», selon les propres termes de M. Obama, infligée au camp démocrate lors des élections du 2 novembre.

Malgré la défaite, les démocrates -qui laisseront en janvier les commandes de la Chambre des représentants aux républicains tout en gardant de peu la majorité au Sénat- ont rebondi pendant la session de fin d'année en parvenant à faire adopter des textes de loi fondamentaux.

Cette session de fin d'année, dite «canard boiteux» («lame duck») en raison du maintien pour quelques semaines de la majorité battue aux élections, a été plus productive que jamais.

En l'espace de quelques semaines, la majorité a reconduit temporairement les cadeaux fiscaux datant de l'ère Bush à la suite d'un compromis obtenu à l'arraché par le président Obama.

Le Congrès a aussi aboli la loi en vigueur depuis 17 ans qui interdisait aux militaires d'être ouvertement homosexuels. Enfin, au tout dernier jour de la session de «lame duck», le Sénat a ratifié le traité de désarmement nucléaire START signé avec la Russie.

Mercredi après-midi, peu avant de partir en congés de fin d'année, M. Obama a affirmé que le bilan du Congrès américain ces dernières semaines avait constitué une «période de progrès».

En 2011, les républicains n'auront pas les mêmes ambitions. Obsédés par la maîtrise des dépenses ils ont juré de trouver 100 milliards de dollars d'économies sur le prochain budget.