Le 31 août dernier, le gardien de la prison californienne de San Quentin s'est rendu jusqu'à la cellule dans laquelle était détenu Albert Greenwood Brown, dans le couloir de la mort, afin de lui lire un mandat l'informant qu'il serait exécuté à la fin du mois de septembre.

Le personnel carcéral a alors procédé à l'examen des veines du meurtrier afin de s'assurer qu'elles étaient en assez bon état pour résister à l'injection mortelle, prévue pour mercredi. Rapidement, vendredi, un juge fédéral refusait de suspendre l'exécution, puis d'examiner à nouveau la condamnation, samedi.

C'est ainsi que le détenu a effectué un étonnant bond au sommet de la longue liste des prisonniers qui doivent être mis à mort dans cet État. Un saut inattendu pour les experts judiciaires, pour le juge fédéral qui avait fait cesser les exécutions en Californie en 2006 et pour les avocats d'Albert Brown.

Ces derniers n'ont pas perdu de temps pour accuser l'actuel procureur général de l'État, Jerry Brown, d'avoir agi de la sorte en raison de la course électorale pour le siège de gouverneur, qui l'oppose à la républicaine Meg Whitman.

Au cours des cinq dernières années, les procureurs de la défense de la Californie ont tenu pour acquis qu'aucune exécution n'aurait lieu dans l'État tant qu'on n'aurait pas statué sur une contestation, venant d'un détenu du couloir de la mort, de la méthode d'injection létale. En 2006, Michael Morales est venu à deux heures près d'être exécuté. On le croyait au haut de la liste des exécutions, et son cas était vu comme une cause type.

Mais le bureau de Jerry Brown et les procureurs du comté tentent maintenant d'obtenir des dates d'exécution pour d'autres détenus du couloir de la mort qui n'ont plus de possibilité d'appel. Selon les avocats d'Albert Brown, une telle décision violerait un accord informel qui oblige l'État à attendre le résultat de la contestation de Morales.

«Les autorités de l'État m'avaient personnellement assuré que ce serait bien le cas», a indiqué John Grele, l'un des avocats d'Albert Brown, à un juge fédéral, alors qu'il tentait de retarder l'exécution de son client. «C'est un effort concerté pour accélérer le processus».

Mais selon Christine Gasparac, une porte-parole du bureau du procureur général, une telle entente n'est jamais intervenue.

Pendant sa campagne pour le poste de procureur général - et celle qu'il mène actuellement pour devenir gouverneur - Jerry Brown a promis de «mettre en oeuvre les lois de la Californie», ce qui inclut la peine de mort. Les avocats de la défense voient cette exécution nouvellement planifiée comme une méthode pour charmer les électeurs indécis en faveur de la peine capitale.

«Par le passé, le procureur général avait déclaré qu'il ne décréterait aucune exécution tant que la poursuite de Morales n'était pas réglée», a fait remarquer l'avocat David Senior, qui représente également le détenu Brown. «On dirait que Jerry Brown a fait volte-face. Il semble que ce soit le bon moment pour agir de la sorte, alors qu'il se trouve au coeur d'une campagne électorale.»

Mais selon Mme Gasparac, c'est tout à fait faux.

«Le procureur général Brown n'a eu aucune influence sur la décision de la date de mise à mort.»