Aafia Siddiqui, une scientifique pakistanaise, a été condamnée jeudi par un tribunal fédéral de New York à 86 ans de prison pour avoir tenté de tirer sur des militaires américains alors qu'elle était détenue en Afghanistan.

«Mme Siddiqui est condamnée à 86 ans d'incarcération», a affirmé le juge Richard Berman.

Aafia Siddiqui, 38 ans, a critiqué le déroulement du procès et estimé que faire appel serait «une perte de temps». «Je fais appel devant Dieu», a-t-elle ajouté.

Cette spécialiste en neurosciences, qui a fait ses études aux États-Unis au prestigieux Massachusetts Istitute of Technology (MIT), avait été jugée coupable en février dernier d'avoir tenté de tuer des soldats américains en Afghanistan en 2008.

Peu après son arrestation en juillet 2008 pour ses liens présumés avec Al-Qaïda, des officiers américains et des agents du FBI étaient venus lui rendre visite. Elle s'était alors emparée d'une arme et avait tiré deux coups de feu, sans blesser personne. L'un des officiers avait alors répliqué, la blessant à la poitrine.

Mme Siddiqui risquait la détention à perpétuité.

Bien qu'elle n'ait pas été inculpée de terrorisme, l'accusation l'avait décrite comme une terroriste en puissance, qui prévoyait de faire sauter une bombe à New York.

Aafia Siddiqui avait plaidé non coupable. Son avocat avait tenté de prouver qu'elle n'avait pas toutes ses facultés mentales, mais un juge avait estimé qu'elle ne souffrait d'aucun trouble psychique et l'avait déclarée apte à comparaître.

La jeune femme, d'allure fragile, figurait en 2004 sur une liste américaine de personnes soupçonnées de liens avec Al-Qaïda.

Aafia Siddiqui, qui vivait au Pakistan, avait disparu en mars 2003 et l'on ignore où elle se trouvait pendant cinq ans. Ses proches pensent qu'elle a été arrêtée au cours d'une des nombreuses opérations menées à l'époque par l'armée pakistanaise contre Al-Qaïda.

Des groupes de défense des droits de l'homme estiment qu'elle a pu être secrètement emprisonnée et torturée sur la base américaine de Bagram, en Afghanistan, entre 2003 et 2008, ce que l'armée américaine dément.

Au cours de son procès, elle a fait allusion à ces rumeurs, disant lors d'une de ses invectives: «si vous aviez été dans une prison secrète (et si) vos enfants avaient été torturés..»