Le président américain Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev ont signé jeudi à Prague un nouveau traité prévoyant une réduction considérable de leurs arsenaux nucléaires, événement «historique» ouvrant, selon eux, un «nouveau chapitre» dans les rapports bilatéraux.

Selon M. Obama, la signature du nouveau traité START montre que son pays et la Russie ont «mis fin à la dérive» de leurs relations.

De son côté, M. Medvedev a salué au cours d'une conférence de presse un «nouveau chapitre» qui s'ouvre désormais dans les relations russo-américaines.

Les deux chefs d'État ont saisi l'occasion pour se mettre au diapason et faire preuve de fermeté sur la question du dossier nucléaire iranien.

Selon M. Obama, Washington et Moscou souhaitent que l'Iran subisse les «conséquences» de son attitude dans ce domaine, et oeuvrent pour que les Nations unies imposent des sanctions «sévères» à la République islamique.

De nouvelles sanctions de l'ONU contre l'Iran sont possibles si Téhéran ne lève pas les doutes sur le caractère militaire supposé de son programme nucléaire, a de son côté déclaré le président russe.

Les deux dirigeants se sont rencontrés dans la matinée sous un grand soleil dans les jardins du château de Prague devant lequel M. Obama, prix Nobel de la Paix 2009, avait prononcé il y a un an un discours clé appelant à un monde sans arme atomique.

Ils ont ensuite posé pour les photographes devant le vaste panorama des toits de Prague, flanqués des drapeaux de leurs pays, avant d'entamer une rencontre bilatérale suivie de la cérémonie de signature formelle du nouveau traité START, à 6H35 HNE.

Côté américain, la délégation comprenait la secrétaire d'État Hillary Clinton et le conseiller de M. Obama pour la sécurité nationale, le général James Jones.

Les deux dirigeants ont paraphé dans la Salle espagnole richement décorée du Château de Prague le texte, fruit de négociations bilatérales serrées, menées à Genève pendant de longs mois.

Moscou et Washington s'engagent à réduire le nombre de leurs ogives nucléaires à 1 550 chacun, soit une baisse de 74% par rapport à la limite du traité START, acronyme de «Strategic Arms Reduction Talks» (Pourparlers sur la réduction des armes stratégiques), accord signé en 1991, mais arrivé à échéance fin 2009.

Pour prendre effet, le traité doit être approuvé par le Sénat américain et la Douma (chambre basse du Parlement russe).

«Je souhaite travailler avec le Sénat pour parvenir à une ratification de cet important traité cette année», a ajouté M. Obama, en se déclarant «confiant» dans l'issue de cette procédure.

Selon M. Medvedev, il est important que le processus de ratification soit «simultané» dans les deux pays.

Le «nouveau START» traduit l'obsolescence de l'«équilibre de la terreur», mais aussi les nouvelles réalités géopolitiques, où les armes nucléaires sont inopérantes face aux menaces d'attentats meurtriers à New York ou Moscou.

Et pour la Russie, ce traité est l'occasion de retrouver une «parité» stratégique avec les États-Unis, vingt ans après le délitement de l'URSS et de sa sphère d'influence.

Selon le Kremlin, le nouveau traité ne sera toutefois «viable» que si les États-Unis limitent leur défense antimissile. M. Obama s'est prononcé dans ce contexte en faveur d'un «dialogue sérieux» avec Moscou, sur cette question épineuse.

M. Medvedev a quitté Prague jeudi en milieu d'après-midi. M. Obama rencontrera jeudi soir les dirigeants de 11 pays d'Europe centrale et de l'Est, avant de conclure sa visite vendredi vers midi, après des entretiens bilatéraux dans la matinée avec son homologue tchèque Vaclav Klaus et le premier ministre Jan Fischer.

Aucun incident majeur n'avait été signalé en milieu d'après-midi dans la capitale tchèque, placée sous une forte protection policière et militaire pour la visite des présidents américain et russe.

Une dizaine de pacifistes tchèques ont manifesté dans le calme à proximité du château de Prague au moment de l'arrivée des deux convois présidentiels, pour exiger un désarmement encore plus radical, a constaté l'AFP.