Le doyen de la Cour suprême des États-Unis, John Paul Stevens, a à nouveau évoqué sa retraite imminente dans des interviews dimanche au New York Times et au Washington Post mais son départ laisse présager une amère bataille politique, a regretté un sénateur démocrate.

«Je dois me décider, pour ma propre tranquillité d'esprit mais aussi pour le bien du processus» de nomination qui va suivre mon départ, a déclaré au New York Times le juge qui doit fêter ses 90 ans ce mois-ci. «Le président et le Sénat ont besoin de tout leur temps pour nommer quelqu'un à ma succession», a-t-il ajouté.

Mais pour autant, il assure aux deux quotidiens ne pas avoir encore pris de décision définitive pour cette année, se contentant de rappeler qu'il partirait sous la présidence Obama, laissant à celui-ci une deuxième occasion de nommer un juge à la plus haute juridiction des États-Unis.

«J'espère que le juge Stevens ne partira pas cette année», a prévenu de son côté le sénateur démocrate Arlen Specter interrogé sur la chaîne Fox. Pour lui, l'«embouteillage» actuel au Sénat des nominations prononcées par le président américain, notamment juridiques, en attente de confirmations, «pourrait bien aller jusqu'à une obstruction à une nomination à la Cour suprême».

«Je pense que dans un an nous aurons davantage de chances de parvenir à un consensus», a-t-il ajouté, en référence aux élections législatives prévues en décembre 2010.

Il s'est en outre dit soucieux de trouver un successeur qui, comme le juge Stevens, «sera sans concession avec le pouvoir exécutif».

Nommé en 1975 par le président républicain Gerald Ford, John Paul Stevens est devenu au fil des années le chef de file du camp progressiste. Mais c'est selon lui plus dû à une droitisation générale de la Cour qu'à un réel changement dans sa manière de voir les choses.

Sauf en matière de peine capitale où il reconnaît avoir changé d'avis, explique-t-il au New York Times. «Il y a beaucoup de condamnations à mort qui me dérangent», affirme-t-il.