Le président américain Barack Obama a de nouveau promis mardi de fermer la prison de Guantanamo, malgré des retards induits par la décision de suspendre le transfèrement de détenus yéménites vers leur pays, dans la foulée de l'attentat manqué contre un avion le 25 décembre.

«Certains ont suggéré que les événements du jour de Noël devraient nous faire revoir la décision de fermer la prison de Guantanamo Bay. Que cela soit clair: il a toujours été dans notre intention de transférer les détenus à l'étranger à condition d'avoir l'assurance que notre sécurité sera protégée», a expliqué M. Obama à l'issue d'une réunion avec les responsables du renseignement américain et des ministres, dont celui de la Justice, Eric Holder.

A propos du Yémen en particulier, «il y a là-bas des problèmes du point de vue sécuritaire auxquels nous faisons face depuis quelque temps, tout comme nos partenaires yéménites», a reconnu M. Obama, en référence aux violences attribuées à la branche d'Al-Qaïda dans la région.

«Etant donné cette situation confuse, j'ai parlé au ministre de la Justice et nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous ne transférerions pas davantage de détenus vers le Yémen à l'heure actuelle», a-t-il poursuivi.

«Mais ne vous y trompez pas: nous fermerons la prison de Guantanamo, qui a porté préjudice à nos intérêts en matière de sécurité et est devenue un outil de recrutement de premier plan pour Al-Qaïda», a encore dit le président.

«Comme je l'ai toujours dit, nous fermerons la prison d'une façon qui maintiendra les Américains en sécurité», a promis M. Obama, qui avait annoncé la fermeture de cette prison au tout début de son mandat, en janvier 2009, dans un délai d'un an, un programme qui ne sera pas respecté de l'aveu même de son administration.

Avant l'intervention de M. Obama, son porte-parole Robert Gibbs avait révélé que la Maison Blanche avait décidé de ne plus transférer de prisonniers de Guantanamo vers le Yémen pour le moment, à la suite de la tentative d'attentat du 25 décembre.

Il contredisait ainsi les propos tenus dimanche par le conseiller de M. Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, qui avait affirmé au contraire que ceux des quelque 91 Yéménites qui figurent parmi les moins de 200 prisonniers encore à Guantanamo et qui ont été blanchis de tout fait de terrorisme continueraient d'être renvoyés dans leur pays.

«Nous comprenons que le Yémen pose un problème très difficile à l'administration (Obama)», a réagi dans un communiqué Letta Tayler, de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, «mais continuer à détenir des Yéménites sans accusation ne fait qu'augmenter le ressentiment contre les Etats-Unis et fournit un instrument de recrutement à Al-Qaïda».

Dans un communiqué au ton similaire, l'association américaine de défense des libertés ACLU dit «apprécier le fait que le président Obama ait déclaré qu'il restait déterminé à fermer Guantanamo», mais souligne que «continuer à détenir des individus blanchis et libérables sous le seul prétexte qu'il viennent d'un pays particulier est imprudent et injuste et n'améliore en rien notre sécurité».