L'attentat suicide qui a causé la mort de sept agents de la CIA en Afghanistan porte un coup sévère à l'agence de renseignement américaine, qui a peut-être perdu ses meilleurs éléments sur le terrain alors qu'elle est de plus en plus impliquée dans le conflit.

Sept agents de la CIA ont été tués et six autres blessés mercredi lors de cet attentat commis dans une base de l'est de l'Afghanistan.

En hommage aux victimes, les drapeaux ornant le quartier général de la CIA à Langley, en Virginie, ont été mis en berne.

Jeudi, le président américain Barack Obama a présenté ses condoléances aux employés de l'agence, en saluant le «courage et l'honneur» des victimes. «Vos succès et vos noms sont peut-être inconnus de vos compatriotes, mais votre travail est unanimement reconnu».

Depuis les attentats du 11 Septembre, a poursuivi M. Obama, «la CIA a été mise à l'épreuve comme jamais auparavant».

Alors que quelque 500 membres des forces américaines et de la coalition ont trouvé la mort en Afghanistan cette année, l'acte terroriste perpétré mercredi pourrait attester d'un nouveau niveau de sophistication des méthodes employées par les talibans, qui ont infiltré l'agence chargée de les débusquer.

Selon la presse américaine, l'auteur de l'attentat aurait réussi à tromper la surveillance de la base pour pénétrer dans une salle de gym et faire exploser une ceinture bourrée d'explosifs.

«Cette attaque laissera une trace indélébile» pour la CIA, estime l'un de ses anciens agents, Jack Rice.

«L'impact pourrait être énorme, pas seulement sur la marge de manoeuvre des hommes sur le terrain, mais aussi sur les relations qu'ils ont construites» avec les Afghans, ajoute-t-il.

Selon Jack Rice, les agents tués dans l'attentat «étaient probablement les meilleurs du monde dans ce qu'ils faisaient» et il sera très difficile de les remplacer.

L'attentat survenu mercredi est le plus meurtrier pour la CIA depuis 1983, quand huit agents avaient trouvé la mort dans l'attaque d'une base militaire à Beyrouth, qui avait fait 241 morts côté américain, 58 côté français.

Ce coup dur intervient alors que la CIA est de plus en plus sollicitée par l'administration américaine dans la réalisation de ses objectifs stratégiques en Afghanistan.

La CIA était déjà en première ligne lors de l'invasion américaine de l'Afghanistan qui avait suivi les attentats du 11 septembre 2001, en balisant le terrain avant le renversement du régime des talibans.

Plus récemment, la CIA a dirigé des raids de drones controversés contre des extrémistes dans des régions reculées du Pakistan.

Le renseignement américain est également amené à jouer un rôle crucial dans l'optique du déploiement des quelque 30 000 soldats supplémentaires décidé par le président Obama dans le cadre de sa nouvelle stratégie dans la région.

Mais l'attentat suicide pourrait remettre en cause les procédures utilisées jusqu'à présent par la CIA, estime Thomas M. Sanderson, expert du Center for Strategic and International Studies.

«C'est problématique parce que cela va rendre tout le monde soupçonneux vis-à-vis des Afghans. La confiance va en prendre un coup», avance-t-il.

Et comme si cela ne suffisait pas, l'affaire de l'attentat manqué contre un avion américain le jour de Noël oblige la CIA à rendre des comptes au président Obama, qui a qualifié d'«inacceptable» le manque de coopération entre agences.