Elle sourit à la une de People comme une starlette en voyage de noces. «Je suis tellement heureuse d'être de retour» dit le titre, l'euphémisme de l'année.

Jaycee Dugard a passé 18 ans enfermée dans une tente insonorisée. Elle y vivait avec ses deux filles, Angel, 15 ans, et Starlit, 11 ans. Phillip Garrido, prédateur sexuel en cavale et père des enfants, est accusé de les avoir gardées sous son contrôle, aidé de sa femme. Personne, pas même les voisins, ne savait qu'un enlèvement était en cours dans la petite maison d'Antioch, près de San Francisco.

 

Aujourd'hui âgée de 29 ans, Mme Dugard tente de refaire sa vie. Elle habite chez sa mère, qu'elle n'avait pas vue depuis 1991. Ses deux filles n'avaient jamais été à l'école ou même chez le médecin.

Erika Schulte, porte-parole pour la famille Dugard, dit avoir été surprise par la vivacité et l'enthousiasme de Jaycee lorsqu'elle l'a rencontrée en août. La dernière fois qu'elle l'avait vue, Jaycee avait 11 ans.

«Elle est radieuse. J'étais emballée quand j'ai vu la photo de People parce qu'elle représente parfaitement qui elle est, sa joie d'être avec sa famille et sa liberté retrouvée. Elle est une femme, une mère, une soeur, une fille. C'est incroyable d'assister à la réunion familiale. Si vous entriez dans la pièce sans connaître les circonstances, vous auriez l'impression d'être en présence d'une famille comme les autres.»

Interrogée à CBS, Mme Schulte a dit que la sortie médiatique de Jaycee Dugard est destinée à rassurer le grand public, qui s'est intéressé pendant l'été à son histoire invraisemblable.

«Elle apprécie les témoignages d'amour et de soutien, qui sont arrivés de partout dans le monde. Elle comprend que les gens ont un intérêt pour l'histoire. Elle veut envoyer le message qu'elle se porte bien, qu'elle est heureuse. Elle est prête à collaborer avec les autorités pour le procès.»

Jaycee Dugard a été libérée en août, quand Phillip Garrido, 58 ans, a été interpellé alors qu'il demandait l'autorisation de distribuer des prospectus religieux sur le campus de l'Université Berkeley.

Une recherche menée par un policier a montré qu'un mandat d'arrêt a été lancé contre lui, pour une affaire de viol durant les années 70. Une fouille de sa maison a permis de trouver les quartiers où il détenait présumément Mme Dugard et ses filles.

L'enlèvement de Jaycee Dugard a eu lieu le 10 juin 1991. Âgée de 11 ans, Jaycee a été enlevée par le conducteur d'un véhicule gris alors qu'elle se dirigeait vers son arrêt d'autobus à South Lake Tahoe, en Californie.

Une battue monstre avait été organisée dans l'ensemble des États-Unis. Des dizaines de milliers d'affiches avaient été distribuées, en vain.

L'âge de la plus vieille des filles de Mme Dugard montre qu'elle est tombée enceinte à 14 ans, trois ans après son enlèvement.

Les présumés ravisseurs, Phillip et Nancy Garrido, ne sortaient que rarement les filles en public. Les amis qui fréquentaient la maison croyaient que les trois filles étaient les enfants du couple. Avec les années, une complicité s'était installée. Les médias locaux rapportent que les deux filles de Mme Dugard étaient tristes d'apprendre que leur père avait été arrêté par la police.

Depuis la libération de Jaycee Dugard, les dons du public ont afflué. La famille dit avoir reçu plus de 100 000$, qui iront à l'éducation des filles de Mme Dugard.

Actuellement en détention, Phillip et Nancy Garrido ont plaidé non coupables à 29 chefs d'accusation pour enlèvement, séquestration et viols. Leur procès doit avoir lieu cet automne.

 

Chronologie

Juin 1991: Enlèvement de Jaycee Dugard, alors âgée de 11 ans. Les recherches ne donnent aucun résultat.

Avril 1992: Un homme prend contact avec la police du secteur d'Antioch et déclare avoir vu une petite fille répondant à la description de Jaycee Dugard dans une épicerie locale. Les policiers n'ont rien trouvé. L'épicerie en question était située à trois kilomètres de la maison Phillip et Nancy Garrido.

24 août 2009: Phillip Garrido se rend avec ses deux filles sur le campus de l'Université Berkeley, où il demande la permission de distribuer des prospectus religieux. Les autorités de l'Université trouvent son comportement étrange.

26 août 2009: M. Garrido se rend avec sa femme, ses filles et Mme Dugard au poste de police local, où il a été convoqué. Mme Dugard raconte son histoire aux policiers, qui arrêtent les Garrido.