James Von Brunn, un Américain de 89 ans qui a tué en juin un gardien du musée de l'Holocauste de Washington, a demandé mercredi à un juge fédéral de bénéficier d'un «procès rapide», pour sa première comparution devant un tribunal de la capitale américaine.

Le visage impassible, s'exprimant avec difficulté, James Von Brunn est apparu pour la première fois publiquement, dans une chaise roulante, en tenue de prisonnier bleu marine, des chaussons orange aux pieds.

Il a d'abord écouté les accusations détaillées à la barre par l'avocate du gouvernement, Nicole Wade, dont certaines l'exposent à la peine de mort, en tordant ses mains et en jetant parfois un regard au public de la salle d'audience qui affichait complet mercredi.

Evoquant un «crime prémédité» et une «mission suicide», l'avocate a expliqué que le vieil homme avait prévu d'être tué sur place, après avoir garé sa voiture en double file et ouvert le feu à l'entrée du musée en direction de l'équipe de sécurité.

Elle a rappelé qu'il était membre de réseaux racistes. Selon elle, il a choisi le musée de l'Holocauste parce qu'«il pense que l'Holocauste est un mensonge».

«Le fait qu'il ait 89 ans le rend dangereux parce qu'il n'a rien à perdre», a-t-elle argumenté. S'il était libéré sous caution dans l'attente de son procès, «il ne fait aucun doute qu'il tuerait encore», a-t-elle conclu.

Le juge Reggie Walton a décidé son maintien en détention.

L'avocat de M. Von Brunn, A.J. Kramer, a ensuite affirmé se sentir «obligé» dans sa fonction d'avocat de réclamer pour son client, et contre son gré, un «examen de ses facultés» pour décider s'il était apte à comparaître devant un jury.

Contre la recommandation du juge Reggie Walton qui lui «conseillait» de ne pas prendre la parole, le vieil homme s'est alors brièvement exprimé d'une voix déformée, reste de la blessure au visage qu'il a reçue au musée après avoir tué un gardien.

Son avocat a traduit: «il dit que la Constitution lui garantit un procès rapide et équitable».

«Je suis citoyen américain et officier de la Marine, j'ai fait le serment de protéger mon pays», a poursuivi M. Von Brunn plus distinctement.

«Sa requête de procès rapide est notée mais je maintiens l'examen de ses facultés», a affirmé le juge Walton, fixant la prochaine audience au 14 octobre, le temps que l'examen soit conduit.

Le 10 juin à 13H00 locales, l'octogénaire avait surgi dans le musée, situé dans un quartier touristique de la capitale, à 500 m de la Maison Blanche, et avait ouvert le feu alors que le musée était plein.

Il avait grièvement blessé Stephen Tyrone Johns, un agent de sécurité noir de 39 ans, qui avait succombé à ses blessures à l'hôpital. Alors que les visiteurs paniqués se mettaient à couvert, d'autres agents avaient répliqué aux tirs, blessant grièvement M. Von Brunn qui avait été transporté dans un état critique à l'hôpital.

Habitant le Maryland, près de la capitale américaine, il avait qualifié peu avant sur un blog les Etats-Unis de «poubelle raciale du tiers-monde, stupide et ruinée à mort». Selon son ex-femme citée par la presse, sa haine des juifs et des Noirs «le dévorait vivant comme un cancer».

Selon les spécialistes, les groupes racistes sont particulièrement actifs depuis l'élection en novembre 2008 de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis.

Plus de 30 millions de personnes ont visité le musée de l'Holocauste depuis son ouverture en 1993, dont 85 chefs d'Etats.