Le président Barack Obama a mené lundi une entreprise de séduction auprès des médecins américains pour vaincre leurs réticences envers une réforme du système de santé sans laquelle l'économie risque selon lui de connaître le sort de l'industrie automobile.

M. Obama est engagé dans une vaste campagne pour faire adopter une telle réforme par le Congrès avant fin 2009.

Les médecins, lobby influent, disposent dans l'affaire d'un pouvoir considérable, et M. Obama s'est employé à les rallier en prenant la parole à Chicago devant l'American Medical Association, leur plus grande organisation.

M. Obama a dressé un parallèle avec General Motors, le numéro un de l'automobile qui vient de déposer son bilan, soulignant qu'une grande partie des problèmes du constructeur venait du coût de la couverture maladie payée à ses salariés.

«Si nous ne réparons pas notre système de santé, l'Amérique pourrait bien prendre le même chemin que GM: payer toujours plus, recevoir toujours moins en retour, et se retrouver fauché», a-t-il dit.

M. Obama a dénoncé un système dans lequel des millions d'Américains ne peuvent plus se permettre d'avoir une assurance maladie parce qu'elles sont hors de prix, où des entreprises sont forcées de licencier ou de fermer à cause du prix de la couverture de leurs salariés et où l'État, déjà confronté à des déficits records, risque de devoir bientôt payer autant pour couvrir les personnes âgées et les handicapés que pour la défense du pays.

L'explosion des coûts constitue «une bombe à retardement pour le budget fédéral», a-t-il dit.

Il veut réduire les dépenses tout en étendant la couverture santé aux 46 millions d'Américains qui en seraient dépourvus (environ 15% de la population).

Il veut améliorer la qualité d'un système privilégiant la quantité des interventions à la qualité: la réforme «réduira le nombre des erreurs médicales qui causent 100 000 morts inutiles chaque année dans nos hôpitaux», a-t-il dit.

Les parlementaires travaillent à un projet à soumettre à M. Obama. Une telle réforme est une entreprise sur laquelle l'ancien président Bill Clinton s'est cassé les dents.

L'opposition républicaine voit là une occasion d'attaquer la popularité de M. Obama et ses amis démocrates en vue des élections à mi-mandat de 2010; ils dénoncent une «socialisation» de la médecine qui va encore aggraver les déficits.

M. Obama a répliqué sèchement: «Quand vous entendez les partisans du non prétendre que j'essaie d'instaurer une médecine gérée par l'État, sachez ceci: ils ne disent pas la vérité».

Le système de santé américain est pour une grande part entre des mains privées. Les Américains qui ont une assurance maladie l'ont pour la plupart contractée eux-mêmes ou la tiennent de leur employeur (privé ou public). Mais des programmes gouvernementaux couvrent certaines catégories.

M. Obama a assuré que son gouvernement avait répertorié 950 milliards d'économies permettant de financer presque entièrement la réforme, communément chiffrée à 1000 milliards.

Mais il a reconnu que si les tentatives de réforme avaient échoué par le passé, c'était aussi à cause des résistances d'autres parties que les parlementaires, comme les médecins ou l'industrie pharmaceutique.

Cette fois encore, l'American Medical Association s'oppose au projet de création d'une assurance médicale publique.

M. Obama a de nouveau défendu cette idée, mais a essayé de se concilier les faveurs de la profession en affirmant la nécessité de réduire le nombre des plaintes contre les médecins.

«Médecins, j'ai besoin de votre aide. Pour la plupart des Américains, le système de santé, c'est vous», a-t-il dit.