Le président américain Barack Obama va réaffirmer jeudi, lors d'un grand discours sur la sécurité nationale, sa détermination à fermer le camp de détention de Guantanamo comme il s'y est engagé, a indiqué un responsable de l'administration.

Dans ce discours prévu vers 10H00 (14H00 GMT) à Washington, M. Obama va dire qu'il est résolu à défendre à la fois la sécurité des Américains et les grandes valeurs des États-Unis, et sa conviction que l'un ne peut se faire sans l'autre, a dit ce responsable sous couvert de l'anonymat.

Au moment cependant où le débat fait rage sur la manière de rompre avec les pratiques antiterroristes controversées de l'époque Bush et surtout sur la manière de fermer Guantanamo, ce responsable n'a pas dit comment M. Obama comptait dissiper les profondes inquiétudes, jusque chez ses amis démocrates, devant la possibilité que des prisonniers se retrouvent sur le sol américain, en prison ou dans la rue, après leur transfert de Guantanamo.

La question se pose par exemple pour 24 détenus dont la justice a ordonné la libération et qui attendent l'application de ce jugement.

La prison américaine, située à Cuba, a «affaibli la sécurité nationale des États-Unis plutôt que de la renforcer, c'est pourquoi le président Obama honorera son engagement à la fermer», a dit le responsable.

Tenant l'une des grandes promesses de sa campagne, M. Obama a signé le 22 janvier, deux jours après son investiture, un décret ordonnant la fermeture de Guantanamo d'ici à janvier 2010.

Depuis sa prise de fonctions cependant, son administration est hantée par les fantômes antiterroristes de la présidence Bush.

Les controverses culminent actuellement avec le refus de ses amis démocrates au Congrès, alliés pour l'occasion à leurs adversaires républicains, de lui accorder les 80 millions de dollars qu'il a demandés pour mener à bien la fermeture de Guantanamo. Ils sont favorables à cette fermeture mais craignent que des suspects de terrorisme se retrouvent sur le sol américain, et veulent savoir précisément ce que M. Obama compte faire des 240 détenus enfermés à Guantanamo avant de lui accorder les fonds demandés.

Le discours de jeudi constitue une tentative de la part de M. Obama de reprendre l'initiative.

M. Obama dira que protéger les Américains est la responsabilité primordiale du président. Mais il est «convaincu, dans chaque fibre de son être, que nous ne pouvons protéger ce pays si nous ne nous adjoignons pas la puissance de nos valeurs les plus fondamentales», selon ce responsable.

Le système de détention et de jugement des suspects de terrorisme mis en place sous George W. Bush est un échec; il n'a permis de juger que trois individus et il a failli aux grandes valeurs américaines; «C'est pourquoi nous nous nous sommes fourvoyés; c'est pourquoi nous nous sommes aliéné nos alliés», selon ce responsable.

Devant cette situation, la nouvelle administration ne peut se permettre le luxe de tout reprendre à zéro, elle doit nettoyer ce qui est un «beau bazar», selon ce responsable.

M. Obama exposera les différents cas de figure posés par la fermeture de Guantanamo.

Son administration fera juger les détenus par les tribunaux civils quand c'est possible, et, quand c'est nécessaire, par les tribunaux militaires d'exception qu'il a décidé de maintenir en les réformant; elle transfèrera vers des pays tiers les prisonniers qui peuvent l'être, a dit ce responsable.

Pour les 24 prisonniers dont la justice a ordonné la libération, M. Obama dira que les États-Unis sont un État de droit et que l'administration doit se conformer à ses lois.