Un juge fédéral d'immigration américain est revenu lundi sur sa décision de suspendre l'expulsion vers l'Allemagne de l'ancien nazi John Demjanjuk, soupçonné d'avoir aidé à l'assassinat d'au moins 29.000 juifs, et qui pourra être arrêté à partir de mercredi.

Vendredi, le juge Wayne Iskra avait accepté le recours en référé introduit par l'avocat de cet homme de 89 ans, d'origine ukrainienne, suspendant son expulsion prévue dimanche de Cleveland (Ohio, nord) vers Munich, en Allemagne.

Mais lundi, dans sa décision obtenue par l'AFP, il est revenu sur cette suspension, affirmant qu'il n'était pas compétent sur ce dossier.

En rendant la décision «effective le 8 avril», il a néanmoins laissé à M. Demjanjuk jusqu'à mercredi pour faire appel.

Son avocat, Me John Broadley, avait déposé ce recours en suspension devant un tribunal chargé de l'immigration à Arlington (Virginie, est). Il a également demandé à ce tribunal la réouverture du dossier, afin que la question de la santé de M. Demjanjuk qui souffre de leucémie soit examinée.

Ces recours ont été formulés «à la lumière de sa santé défaillante et sur la base du fait que l'angoisse et la douleur (quand) il sera arrêté, incarcéré et jugé en Allemagne peuvent être assimilées à de la torture, aux termes de la convention contre la torture», avait affirmé Me Broadley à l'AFP.

Né dans ce qui est devenu l'Ukraine, le 3 avril 1920, M. Demjanjuk est accusé d'avoir «volontairement» servi les nazis dans des camps d'extermination et de concentration, comme Sobibor et Majdanek en Pologne. Il est arrivé aux Etats-Unis au début des années 1950 avec sa famille, a trouvé un travail dans l'industrie automobile et s'est installé dans l'Ohio.

Condamné à mort en Israël en 1988, il a toutefois été acquitté par la Cour suprême israélienne en raison de doutes sur son identité.

En 2002, un juge américain lui a retiré sa nationalité américaine et il était depuis 2005 sous le coup d'une procédure d'expulsion ordonnée par un juge de l'immigration.