Le ministre américain de la Justice Eric Holder a exclu lundi l'usage de la «simulation de noyade» lors d'interrogatoires anti-terroristes et publié des notes internes datant de 2001 à 2003 ayant servi de base légale aux dérives de l'administration Bush.

«La simulation de noyade est de la torture. Mon ministère de la Justice ne la justifiera pas et ne l'excusera pas», a-t-il déclaré dans un discours prononcé devant le Conseil juif des affaires publiques.

«L'usage et l'autorisation de la torture sont contraires à l'histoire de la jurisprudence et des valeurs américaines. Cela sape notre capacité à rendre la justice de manière équitable et met en danger nos propres soldats, si jamais ils étaient capturés sur un champ de bataille à l'étranger», a-t-il affirmé.

Eric Holder répétait ainsi un point de vue exprimé lors de sa séance de confirmation au Sénat, avant d'être officiellement nommé ministre de la Justice de l'administration du président Barack Obama.

Appelée «waterboarding», la simulation de noyade est une technique d'interrogatoire qui a été utilisée notamment contre trois des principaux suspects accusés d'avoir organisé les attentats du 11 Septembre et 33 prisonniers en tout.

Parallèlement, le ministère de la Justice a rendu publiques lundi neuf notes internes, datant du 25 septembre 2001 au 1er août 2003. Le Bureau du conseil juridique du ministère, qui conseille l'ensemble du gouvernement américain et ses agences, y offrait une base juridique à toute une série de mesures prises dans le cadre de la «guerre contre le terrorisme».

Essentiellement rédigées par John Yoo et Jay Bybee, connus pour avoir notamment justifié le recours à la torture dans les interrogatoires anti-terroristes, ces documents expliquent entre autres que le président américain a «seul le pouvoir» de décider le transfert de «terroristes arrêtés» dans des pays étrangers.

Pendant plusieurs années, la CIA a interrogé des hommes soupçonnés de terrorisme dans des prisons secrètes à l'étranger.

«Le Congrès n'a pas le droit d'encadrer le pouvoir du président à détenir des combattants ennemis, pas plus qu'il n'a le droit d'encadrer son pouvoir à diriger les troupes sur le champ de bataille», argumentent également les deux conseillers.

De même, le Congrès n'a pas le droit d'intervenir sur «l'organisation de tribunaux d'exceptions», «les interrogatoires» ou «les méthodes d'interrogatoires» décidés par le président.

Le président a enfin, selon ces notes, le pouvoir discrétionnaire de «suspendre» tout ou partie des traités internationaux signés par les Etats-Unis - comme les Conventions de Genève que George W. Bush n'a jamais voulu appliquer à Guantanamo -, au nom de l'intérêt national.

M. Holder a pris soin, en publiant ces notes, de préciser dans un communiqué qu'elles ne «reflétaient plus les opinions du Bureau du conseil juridique et qu'elles ne doivent plus être considérées comme faisant autorité d'aucune manière».