Le gouvernement américain a ouvert une enquête au sujet d'un haut responsable de la CIA accusé d'avoir drogué et violé deux femmes musulmanes en Algérie. Des accusations pourraient se révéler embarrassantes pour les États-Unis et l'administration Obama, qui tente de renouer des liens avec le monde arabe.

L'homme en question, Andrew Warren, était une étoile montante à la CIA. Grand et costaud, l'homme d'origine afro-américaine parle couramment huit dialectes arabes. Il était l'employé de la CIA le plus haut placé en Algérie, où il traquait les réseaux de recrutement des groupes terroristes. M. Warren était auparavant posté en Égypte et en Afghanistan.

 

Selon une déclaration sous serment du ministère de la Justice, M. Warren aurait drogué et violé deux femmes de nationalité algérienne, et pris des photos d'elles alors qu'elles n'avaient pas toutes leurs facultés.

Perquisitions

Les deux femmes ont affirmé s'être senties mal après avoir bu un cocktail offert par M. Warren à sa villa d'Alger lors d'une fête. Ce dernier leur a alors proposé de passer la nuit chez lui. Les victimes se sont réveillées nues, et n'avaient aucun souvenir d'avoir retiré leurs vêtements. Des examens médicaux ont authentifié les viols.

Des perquisitions faites dans la villa par les agents gouvernementaux ont révélé que M. Warren avait en sa possession du Xanax et des Valium, de même qu'un manuel sur les techniques d'enquête dans les cas d'agressions sexuelles.

Les enquêteurs soupçonnent M. Warren de garder des photos compromettantes stockées dans son ordinateur portatif. De retour à Washington, celui-ci refuse toujours de remettre son ordinateur aux autorités.

C'est le réseau ABC qui a été le premier à enquêter sur ces agressions, qui se seraient produits dans une villa d'Alger, en septembre 2007 et en février 2008.

«Le Valium et le Xanax sont appelés les «drogues du viol», car le corps les élimine rapidement et elles sont difficiles à déceler, a expliqué un ex-agent du FBI, Brad Garrett, sur les ondes d'ABC. Souvent, les femmes ne réalisent pas qu'elles ont été attaquées avant le lendemain matin.»

Le réseau a dit savoir que des accusations contre Warren pourraient être portées dès le mois prochain. Le porte-parole du département d'État, Robert Wood, s'est limité, pour sa part, à dire que les États-Unis «prennent très au sérieux toute accusation impliquant son personnel à l'étranger».

L'ex-directeur n'est accusé d'aucun crime. Il affirme que les relations avec les deux accusées étaient «consensuelles».

En Algérie, l'histoire fait scandale. «Sexe, viol et vidéo à l'ambassade américaine d'Alger», a récemment titré le quotidien francophone El Watan en première page.

Selon le journal, M. Warren, 41 ans, s'était converti à l'islam. Il pouvait citer des extraits du Coran par coeur, et sa maîtrise de l'arabe faisait de lui un candidat parfait pour aider à traquer les actions des groupes terroristes.

«Il faisait la prière du vendredi dans des quartiers ouvriers, à des mosquées reconnues pour être des lieux de recrutement d'Al-Qaeda.»

L'histoire de la CIA foisonne d'accusations d'agressions et de crimes impunis. La zone grise dans laquelle évolue l'agence fédérale et le caractère souvent secret de ses opérations ont traditionnellement ouvert la porte à des comportements qui auraient été impensables dans d'autres organisations.