Les enquêteurs planchaient vendredi pour déterminer pourquoi un Airbus A320 d'US Airways s'était vu contraint la veille de se poser sur l'Hudson, à New York, mais la perte des deux réacteurs de l'appareil dans le fleuve pourrait compliquer leurs investigations.

«Les deux réacteurs ne sont plus attachés à l'avion», a expliqué Kitty Higgins, membre du National Transport Safety Board (NTSB), l'organisme fédéral chargé de l'enquête, lors d'une conférence de presse vendredi après-midi.

Guidés par des sonars, des plongeurs tentaient de localiser les moteurs, dont l'examen permettra de vérifier la thèse du choc avec des oiseaux comme origine de l'accident.

«Si les dégâts ont été provoqués par des oiseaux, je crois qu'on le verra» sur les moteurs, a assuré Mme Higgins. «C'est une pièce importante du puzzle».

Autres obstacles pour les enquêteurs: la température de l'eau, particulièrement froide, et le courant. Deux raisons qui ont pour l'instant empêché les enquêteurs de mettre la main sur les boîtes noires, situées dans la queue immergée de l'appareil.

La carlingue de l'appareil flottait toujours vendredi, amarrée à un dock de la ville et devrait être mise au sec samedi, à 10h00 locales. «Nous pourrons récupérer les enregistreurs», a assuré Mme Higgins. Les plongeurs «ont essayé de le faire alors que l'avion était dans l'eau, mais ce n'est pas possible».

L'autre volet de l'enquête concerne les auditions de l'équipage. Le personnel de cabine a été interrogé vendredi et, samedi, ce sera le tour du copilote et le pilote, Chesley Sullenberger, dont l'incroyable sang froid et l'habileté semblent avoir sauvé la vie des passagers et membres d'équipage.

Le commandant de bord a reçu les félicitations du président George W. Bush, qui l'a appelé personnellement vendredi et a loué «les compétences étonnantes qu'il a démontrées en posant son avion sans encombre, et les efforts héroïques qu'il a consentis pour la sécurité de ses passagers et des personnes» au sol.

Le président élu Barack Obama lui a aussi téléphoné vendredi pendant cinq minutes, soulignant «à quel point tout le monde était fier de la façon héroïque et élégante avec laquelle il avait réussi à poser l'avion endommagé».

Le commandant de bord s'est aussi vu décerner les clés de la ville de New York par le maire Michael Bloomberg, comme le reste de l'équipage. Le Sénat américain a par ailleurs adopté à l'unanimité une résolution pour honorer M. Sullenberger et l'équipage «pour leur rôle dans l'atterissage d'urgence du vol 1549 d'US Airways».

Aussi incroyable que cela puisse paraître, la blessure la plus grave semble être une jambe cassée.

«Le talent du pilote d'US Airways, sa détermination et sa capacité à penser à toute vitesse ont largement contribué à ce que les passagers survivent à ce +crash+ dont l'issue aurait pu être bien différente», a déclaré Chris Yates, expert en aéronautique de la revue britannique Jane's, spécialisée dans les questions de défense et de sécurité.

Pour M. Yates, «il semble que cet appareil a plongé dans un vol d'oies juste après le décollage», ce qui a arrêté les deux moteurs.

Pour ce spécialiste, le pilote n'a pas eu d'autre véritable choix que l'amerrissage sur le fleuve, n'ayant pas assez de puissance pour retourner vers l'aéroport de LaGuardia.

L'avion venait de décoller à destination de Charlotte (Caroline du Nord), lorsque les deux réacteurs se sont arrêtés, l'un d'eux apparemment en feu. Le pilote a alors ordonné aux passagers de se cramponner avant l'impact.

«Le silence s'est fait à bord. Les gens se sont mis à prier», a témoigné Fred Baretta, un rescapé.

Le pilote a alors réussi à maîtriser l'avion en détresse et à se frayer un chemin dans le ciel de New York, pour descendre jusqu'au fleuve et éviter une catastrophe en pleine ville.