Les démocrates discutaient toujours, hier, du sort de Roland Burris, l'homme désigné par le gouverneur de l'Illinois pour occuper l'ancien poste de Barack Obama au Sénat. Habituellement ennuyeuses comme la pluie, les prestations de serment de sénateurs ne sont que très peu suivies par les médias. Mais le vaudeville qui se joue à Washington cette semaine occupe désormais l'avant-plan de l'actualité.

Durant la journée d'hier, l'Associated Press a déclaré que les démocrates avaient accepté d'offrir un siège à M. Burris. Or, le chef démocrate du Sénat, Harry Reid, a démenti cette information.

 

«Le Sénat dans son ensemble va devoir agir à ce sujet», a déclaré M. Reid, suggérant que la chambre haute se prononce par un vote sur la question, après la prestation de serment jeudi de M. Burris devant le parlement de l'Illinois, qui a lancé une procédure de destitution contre le gouverneur Blagojevich.

«M. Burris est un homme candide et avenant. Il se présente très bien», a ajouté M. Reid, un signe qu'il n'est pas complètement fermé à l'idée de voir M. Burris devenir sénateur.

Hier, le président désigné Barack Obama a donné son appui à M. Burris. «C'est un dossier qui concerne le Sénat, a-t-il dit. Mais je connais Roland Burris, forcément, il vient de mon État. Il est un bon représentant du peuple, et s'il est reçu, je vais travailler avec lui et avec les autres sénateurs pour m'assurer que les gens soient bien représentés.»

Mardi, jour de la rentrée parlementaire, M. Burris était arrivé au Capitole entouré d'une nuée de journalistes, et en était ressorti une demi-heure plus tard sans avoir pu être assermenté avec les autres sénateurs du 111e Congrès.

Roland Burris a été choisi par Rod Blagojevich, le gouverneur de l'Illinois accusé d'avoir cherché à monnayer le poste de sénateur laissé vacant par Barack Obama. M. Blagojevich pourrait être bientôt déclaré inapte à gouverner l'Illinois.

Or, d'ici là, il occupe toujours le poste, et la tâche de choisir le prochain sénateur lui revient.

Pour Erwin Chemerinsky, doyen de la faculté de droit de l'Université de Californie à Irvine, la nomination de M. Burris est légale. «Qu'on le veuille ou non, le gouverneur Blagojevich a les pouvoirs pour nommer le prochain sénateur. Celui-ci devrait pouvoir occuper son siège sans opposition.»

Passé controversé

Homme peu habité aux feux de la rampe, Roland Burris, 71 ans, est loin d'être un néophyte en politique. Ancien ministre de la Justice de l'Illinois, il est décrit comme un politicien peu charismatique, qui s'est largement tenu loin des décisions importantes prises dans l'État.

«M. Burris ne s'est jamais vraiment imposé, a dit au USA Today Kent Redfield, professeur de sciences politiques à l'Université de l'Illinois. Burris n'est pas un mauvais gars. Pour être franc, la plupart des gens en Illinois ne savent pas qui il est.»

Plusieurs scandales l'ont éclaboussé au fil des ans. Ainsi, durant son mandat, M. Burris a été accusé d'avoir attribué des contrats lucratifs à des donateurs politiques. Il a aussi donné plus de 127 000$ au gouverneur Blagojevich depuis que celui-ci a été élu à la tête de l'État, laissant planer des soupçons de favoritisme.