Ce n'est pas seulement une victoire. C'est une grosse victoire.

Malgré les sondages qui les donnaient perdants, les républicains ont cru jusqu'à la dernière minute pouvoir sauver les meubles au New Hampshire, cet État non aligné qui voue une affection particulière à John McCain. Mais les électeurs en ont décidé autrement et leur choix n'a rien d'équivoque.

Contrairement à la dernière présidentielle, remportée par George W. Bush avec une majorité d'à peine 1 % au New Hampshire, Barack Obama se dirigeait vers une victoire massive dans cet État, avec 56 % des voix, contre 44 % pour le républicain John McCain, après le dépouillement de plus la moitié des votes.

Les républicains ont encaissé un deuxième coup dur dans cet État avec la défaite du sénateur vedette John Sununu. À 43 ans, c'était l'une des cinq étoiles du Sénat, selon le magazine Time. Mais dès 21 h, hier, il a reconnu la victoire de son adversaire, la démocrate Jeanne Sheehan.

Les visages étaient défaits au Quality Inn de Bedford, en banlieue de Manchester, où les partisans de John Sununu s'étaient réunis pour la soirée électorale républicaine la plus courue du New Hampshire.

Juanita Dangel, militante républicaine de longue date, avait les joues couvertes de larmes. « Les électeurs vont le regretter ! » prévoyait-elle.

La tendance s'était manifestée dès les petites heures du matin, alors que les électeurs de deux villages où les bureaux de scrutin ouvrent dès le coup de minuit votaient en faveur du candidat démocrate. À Dixville Notch, Barack Obama a remporté 15 votes contre 6. Cette localité n'avait jamais voté en faveur d'un candidat démocrate depuis 40 ans !

À la sortie des bureaux de scrutin, les électeurs paraissaient divisés. « J'ai voté pour John McCain parce que je suis chrétienne », a expliqué Shona MacWhirter, étudiante de 20 ans, électrice de Manchester. Donald Vigneault, facteur à la retraite, a choisi Barack Obama à cause de l'état de l'économie et de l'assurance médicale.

Comment expliquer que le New Hampshire, ce petit État imprévisible, ait décidé d'infliger une telle raclée aux républicains ? « Je crois qu'ils ont répudié les politiques de l'administration Bush, qui a accru le rôle du gouvernement fédéral », a avancé le président du parti républicain au New Hampshire, Fergus Cullen, manifestement sonné par l'ampleur de la défaite.

Pendant que les démocrates scandaient « yes we can ! » dans un grand hôtel de Manchester, John Sununu senior, père du sénateur défait, se disait effrayé par la direction dans laquelle semblait s'engager son pays : « Nous ressemblons de plus en plus à la république socialiste du Québec ! »