Le camp de Barack Obama accentue son offensive de charme pour convaincre l'électorat blanc que le candidat démocrate, né à Hawaii d'un père kényan et d'une mère du Kansas, puis élevé en partie en Indonésie, n'est pas trop «exotique» pour la Maison Blanche.

Il est vraiment «l'un d'entre nous», répètent les partisans de celui qui, à 47 ans, pourrait devenir le premier président noir des Etats-Unis.

A moins de deux semaines de l'élection présidentielle, le gouverneur de Pennsylvanie (est) Ed Rendell a ainsi lancé à un public de cols bleus que, même s'ils avaient quelques tendances racistes, ils devaient soutenir Barack Obama pour leur propre bien, particulièrement du point de vue de l'économie.

En ces temps de crise financière, le candidat démocrate devance son rival républicain John McCain dans les sondages, mais les instituts soulignent que les sondés pourraient ne pas être toujours honnêtes lorsqu'ils se disent prêts à voter pour un Noir.

Barack Obama lui-même a toujours affirmé que le racisme ne serait pas le responsable d'un éventuel échec le 4 novembre. Ce sera plutôt, selon lui, la difficulté des électeurs à se reconnaître dans son passé hors du commun.

Le sénateur de Virginie (est) Jim Webb, un démocrate conservateur qui affiche fièrement son héritage irlando-écossais, a lui aussi voulu rassurer les électeurs ruraux de son Etat en présentant M. Obama lors d'un meeting.

«Le père de Barack Obama est né au Kenya,» a-t-il rappelé vendredi à Roanoke, bourgade de montagne proche du Kentucky. «La mère de Barack Obama est, elle, née au Kansas, pas très loin du Kentucky», a-t-il ajouté.

«Nous allons assister à l'élection du 14e président dont les racines viennent de ces régions montagneuses,» a-t-il insisté. «Barack Obama vous comprend. Barack Obama est comme vous. Il sait ce que lutter veut dire.»

Comme aucun autre démocrate depuis John F. Kennedy, dont le catholicisme suscitait la méfiance de l'Amérique protestante, M. Obama a souvent dû mener campagne pour lever les doutes sur son identité, face à des rumeurs insidieuses et aux attaques de son rival: son deuxième prénom est «Hussein», c'est un musulman caché, un «socialiste», un copain de «terroriste»...

Les républicains n'ont jamais attaqué frontalement M. Obama en termes racistes, mais M. McCain a visé l'ancien pasteur contesté du candidat démocrate, le révérend noir Jeremiah Wright.

Le camp adverse a récemment dépeint M. Obama comme un «objet non identifié» qui ne partage pas les valeurs de «Joe le Plombier», archétype de l'Américain moyen, des «hockey moms», symbole des mères de famille dévouées, ni d'autres incarnations de l'Amérique «normale».

La colistière de M. McCain, Sarah Palin, en a remis une louche en exagérant les liens entre M. Obama et un ancien militant d'extrême-gauche des années 1960, William Ayers, avançant que le sénateur de l'Illinois n'était «pas un homme qui voit l'Amérique comme vous la voyez ni comme je la vois.»

Pendant le week-end, Mme Palin et d'autres républicains ont opposé une Amérique «authentique», comme celle des bastions républicains de Caroline du Nord et de Virginie, à une autre, supposée «déloyale».

Mais, dans le même temps, 75.000 personnes sont venues écouter le candidat démocrate à Kansas City, dans le Missouri, emblématique du coeur du pays, après un meeting à St Louis, dans ce même Etat du centre, qui a rassemblé 100.000 partisans.

Barack Obama «a été élevé par des femmes du Kansas,» a lancé Kathleen Sebelius, gouverneure de cet Etat. «Il connaît nos valeurs.»