Les ondes de choc de la déroute du secteur financier se propageaient dans l'ensemble des Etats-Unis après la disparition lundi de la banque Wachovia et le rejet au Congrès du plan de sauvetage des banques, faisant craindre aux Américains que le pire reste à venir.

Alors que l'indice Dow Jones a connu lundi sa plus forte chute historique, perdant près de 800 points, l'inquiétude montait dans tout le pays face à la crise née de l'éclatement de la bulle immobilière, la pire depuis la Grande dépression de 1929.Pour beaucoup, le décrochage de la bourse et le barrage du Congrès à l'adoption d'un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars demandé par l'administration Bush reflètent un manque de leadership, à la fois à Wall Street et à Washington.

Certains disent avoir complètement perdu confiance dans le système financier et se demandent quelle institution peut être considérée comme sûre dans la tourmente actuelle.

«On se demande jusqu'où tout cela va aller», s'interroge Robert Gluck, 36 ans, monteur dans le cinéma, en train de regarder un écran diffusant la chaîne d'information en continu CNN sur le célèbre Sunset Boulevard, à Los Angeles. «Il semblerait que cela aille de mal en pis, et ce qui est effrayant, c'est que personne ne semble savoir quoi faire, ni quand cela va s'arrêter».

Lisa Raynor, une responsable des ressources humaines de 32 ans, raconte que son mari et elle ont été consternés en voyant leur portefeuille investi en bourse se réduire comme peau de chagrin. «Notre portefeuille a beaucoup souffert, mais nous ne savons pas où transférer notre argent», explique-t-elle à l'AFP. «C'est difficile de savoir à qui on peut faire confiance».

Pour Marc der Kinderen, responsable des investissements dans une entreprise new-yorkaise, «le pire dans ce qui se passe actuellement, c'est qu'il n'y a absolument aucune confiance, aucune foi dans le système pris dans son ensemble».

«Cela rend très difficiles les affaires entre entreprises: les banques représentent l'infrastructure de la finance, comme les autoroutes (pour la circulation humaine, ndlr), et désormais toutes les rampes d'accès au système autoroutier ont été coupées», explique-t-il à l'AFP.

Robert Lanese, un coiffeur à la retraite, estime que la tourmente est à mettre sur le compte de la politique des républicains et pense que d'autres entreprises vont aller dans le mur. «D'autres banques (vont faire faillite), plus de gens vont perdre leurs emplois, et ça va continuer pendant un moment, quoi qu'il arrive demain», affirme-t-il à l'AFP.

«Les démocrates doivent faire le ménage et apporter des changements au système financier, à la manière de fonctionner de l'économie. Ce sont des jours tristes pour le monde et en particulier pour l'Amérique», dit-il.

A Washington, Brad Goldsmith, un consultant de 30 ans, reste optimiste et estime que tout ira mieux une fois que le plan de sauvetage du secrétaire au Trésor, Henry Paulson, sera adopté. «J'espère que (le Dow Jones) va rebondir dans les prochains jours», dit-il. Pourtant, il était contre le plan de sauvetage par principe car pour lui, «ce n'est pas la solution à long terme».

Pour Michael Chin, restaurateur à New York, ce sont les membres du Congrès qui sont à blâmer pour s'être opposés à ce plan. «Ils auraient dû adopter cette loi pour mettre de l'huile dans les rouages du marché, sinon tout le monde va paniquer», dit-il. «Je ne sais pas à quoi ils pensent. A mon avis, c'est plus politique qu'autre chose», mais «à New York, cette pagaille nous affecte directement».