Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a appelé mardi la Russie à ne pas jouer l'escalade dans l'est de l'Ukraine et a mis en garde contre les «conséquences graves» d'une intervention qui constituerait une «erreur historique».

«J'appelle la Russie à reculer et à ne pas jouer l'escalade de la situation dans l'est de l'Ukraine», a déclaré M. Rasmussen lors d'une conférence de presse à Paris.

«Si la Russie intervenait davantage en Ukraine, ce serait une erreur historique», a ajouté le patron de l'Alliance atlantique, mettant en garde Moscou contre un isolement sur la scène internationale.

«L'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine est le plus grand défi posé à la sécurité de l'Europe en une génération», a martelé M. Rasmussen en référence à la prise de contrôle de la région ukrainienne de Crimée fin février par des troupes russes. Dans la foulée, les autorités séparatistes ont organisé en deux semaines un référendum pour le rattachement de la Crimée à la Russie.

Cette région des bords de la mer Noire fait désormais partie de la Russie même si la communauté internationale ne reconnaît pas son annexion.

Le patron de l'OTAN a répété que la crise ukrainienne forçait l'OTAN à «revoir ses plans de défense».

La tension s'est brusquement aggravée dimanche quand des partisans du rattachement avec Moscou se sont emparés de bâtiments officiels à Kharkiv et Donetsk, deux grandes villes de l'Est, descendant les drapeaux ukrainiens bleu et jaune pour hisser le blanc-bleu-rouge russe.

À Donetsk, les séparatistes ont proclamé sous les vivats une «république populaire de Donetsk».

Le gouvernement ukrainien pro-européen a dénoncé un plan du grand voisin russe «pour qu'une armée étrangère passe la frontière et envahisse le territoire ukrainien». Le président russe Vladimir Poutine souffle le chaud et le froid depuis des semaines et répète que la Russie est prête à défendre «par tous les moyens» les populations russophones des républiques de l'ex-URSS en cas de violences.

L'envoi de jusqu'à 40 000 soldats russes aux frontières de l'est de l'Ukraine a fait craindre une invasion.

Une élection présidentielle anticipée est prévue le 25 mai et les favoris en sont des pro-européens soucieux d'arrimer à l'Ouest ce pays de 46 millions d'habitants, frontalier de plusieurs États membres de l'Union européenne. Kiev soupçonne Moscou de vouloir torpiller ce scrutin par des troubles ou des demandes de référendums, sur la fédéralisation, l'autonomie ou le rattachement à la Russie.