Une panne moteur du bateau qui tourne à son avantage, des coups de feu «incessants»: la police norvégienne est revenue mercredi sur son intervention pour neutraliser Anders Behring Breivik, l'auteur du carnage de vendredi, sur fond de critiques quant à sa lenteur de réaction.

Près d'une heure s'est écoulée entre le premier message alertant la police d'une fusillade sur l'île d'Utoya, située à une quarantaine de kilomètres d'Oslo, et la reddition du meurtrier, selon la version officielle déjà connue.

Le massacre, qui ciblait environ 600 jeunes travaillistes norvégiens réunis pour une université d'été, a fait 68 morts, et huit autres personnes ont péri dans l'explosion juste avant d'une voiture piégée près du siège du gouvernement à Oslo, deux attaques dont Behring Breivik a reconnu être l'auteur.

Mercredi, la police est revenue sur les instants, trop longs pour certains rescapés et médias, qui ont précédé son arrestation.

Au cours d'une conférence de presse, le chef de l'équipe qui a mené l'intervention, Haavard Gaasbakk, s'est dit «fier» du travail accompli par ses hommes.

«Ils ont été extrêmement solides et ont fait preuve de beaucoup de courage sur toute la ligne», a-t-il estimé.

Il était de repos ce jour-là, a-t-il expliqué, mais il est arrivé à 17h43 (11h43, heure de Montréal) au poste de la ville de Hoenefoss, dont dépend l'île de la tragédie.

«On m'avait informé de la fusillade sur Utoya. J'ai compris que c'était grave. J'avais vu à la télévision ce qui s'était passé à Oslo et j'ai fait le parallèle», a-t-il expliqué.

Selon la chronologie communiquée dimanche, la police locale a été alertée à 17h26 et le tireur arrêté à 18h27.

Avec armes -la police n'est généralement pas armée en Norvège- et équipement, Haavard Gaasbakk a fait route vers le grand lac où se trouve l'île, à quelques kilomètres de distance du poste de police.

Sur les rives, il a été rejoint par une équipe d'intervention spécialisée venue, elle, d'Oslo, à la demande de la police locale.

Au total, 10 hommes ont embarqué à bord du bateau de la police.

«En route, le bateau de police a eu des problèmes de moteur. Mais au même moment, des bateaux privés venaient vers nous pour nous dire ce qui se passait. On les a fait venir à nous et on les a réquisitionnés», a-t-il dit.

Paradoxalement, scindée en deux et à bord de deux embarcations plus rapides que la leur, l'équipe d'intervention a finalement gagné du temps, «peut-être 10 minutes», selon un autre responsable de la police.

Un des deux bateaux précède légèrement l'autre sur l'île «d'une demi-minute ou une minute» et ses cinq hommes se dirigent vers le nord de l'île, suivant les indications de rescapés affolés. Lui-même est dans le second bateau.

«On voit des impacts de munitions dans l'eau à la pointe sud de l'île. Il y a des détonations en permanence», ajoute-t-il.

«On accoste et on court directement vers la pointe sud. Il faut courir sur 300-350 mètres. Quand on s'approche des coups de feu, on hurle «police, nous sommes armés»», précise-t-il.

Les cinq hommes arrivent dans une zone boisée.

«Soudain, le tireur est face à nous, les mains levées en l'air», indique Haavard Gaasbakk.

Son arme gît 15 mètres derrière lui. Il est arrêté et tenu en respect par un des policiers. Les autres se consacrent aux premiers secours.