Le Brésil a convoqué mercredi une réunion informelle des États-membres du FMI pour obtenir des explications sur des soupçons d'espionnage de l'institution par les États-Unis, a indiqué à l'AFP son représentant au Fonds.

«Une réunion a eu lieu à ma demande (...). Je cherche à avoir des explications» , a indiqué Paulo Nogueira Batista, représentant brésilien au conseil d'administration du Fonds monétaire international.

Selon des informations de presse parues fin octobre, l'administration Obama aurait demandé à son agence nationale de sécurité (NSA) de mettre fin à l'espionnage des quartiers généraux du FMI et de la Banque mondiale, tous deux situés à Washington.

Les deux organisations de Bretton Woods, dont les États-Unis sont les premiers actionnaires, n'ont jusque-là pas souhaité faire de commentaires sur cette affaire.

«Nous avons pris connaissance des informations de presse mais nous n'avons pas de commentaires pour le moment», a répété mercredi une porte-parole du FMI dans un courriel à l'AFP.

De fait, la réunion mercredi à Washington du conseil d'administration du Fonds, l'instance représentant ses 188 États-membres,  ne relève pas de l'institution elle-même mais de l'initiative personnelle du représentant brésilien.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde n'y a pas assisté, selon M. Nogueira Batista.

«C'est le droit de chaque administrateur (représentant d'un pays, ndlr) de demander une réunion du conseil d'administration», a expliqué le représentant brésilien, qui fait souvent entendre une voix critique au sein de l'institution.

Prié de dire si d'autres États-membres du Fonds partageaient son inquiétude sur un éventuel espionnage américain, le responsable s'est refusé à tout commentaire, se retranchant derrière son devoir de «confidentialité» des discussions au sein du conseil.

Nourries par l'ex-analyste de la NSA Edward Snowden, les révélations sur l'espionnage américain ont provoqué une série de tempêtes diplomatiques, notamment quand ont été révélées la possible mise sur écoute de la chancelière allemande Angela Merkel et la collecte massive de données en France ou en Espagne.

D'autres organisations internationales auraient figuré parmi les cibles de la NSA. Fin août, l'ONU avait annoncé qu'elle allait demander des explications aux États-Unis sur des révélations affirmant que l'agence avait espionné son système de vidéo-conférence interne.

Les bureaux de l'Union européenne à Washington auraient également été espionnés par les États-Unis.

Le Brésil s'est également retrouvé en première ligne. Mi-septembre, la présidente du pays Dilma Rousseff a annulé une visite d'État à Washington après des révélations selon lesquelles la NSA aurait espionné ses communications ainsi que les données du géant pétrolier brésilien Petrobras.

Fin octobre, le secrétaire d'État américain John Kerry avait reconnu pour la première fois que les États-Unis étaient parfois allés «trop loin». Le président Barack Obama  a lui a annoncé un réexamen des méthodes américaines d'espionnage.