Après 48 heures de tergiversations, le candidat républicain à la Maison Blanche John McCain s'est résolu vendredi à affronter dans la soirée son rival démocrate Barack Obama lors d'un premier débat télévisé (21h00 ce soir) qui s'annonce crucial en pleine crise financière.

«Nous allons au débat», a déclaré une conseillère de M. McCain, Nicolle Wallace. Et, après deux jours de suspension de sa campagne, M. McCain reprend «toutes ses activités», a ajouté son entourage dans un communiqué.

«Après le débat, il retournera à Washington pour s'assurer que toutes les voix et les intérêts sont représentés dans l'accord final, particulièrement en ce qui concerne les contribuables et les propriétaires» immobiliers, a ajouté son équipe de campagne.

M. Obama a indiqué qu'il pourrait également rapidement retourner à Washington.

Le débat de 90 minutes qui devait être retransmis sur la plupart des grands réseaux télévisés américains et regardé par plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs, est considéré comme un événement majeur de la campagne présidentielle américaine.

Il intervient 48 ans, jour pour jour, après le premier débat télévisé de l'histoire américaine qui opposa le jeune sénateur John Kennedy à Richard Nixon, alors vice-président des Etats-Unis. Selon des historiens, ce débat contribua à la victoire de Kennedy.

Les questions internationales devaient constituer le sujet dominant de ce face-à-face qui se déroule dans l'enceinte de l'université du Mississippi (sud) à Oxford, où plane toujours l'ombre du grand écrivain du Sud, William Faulkner.

Le camp du sénateur de l'Illinois a adressé un argumentaire aux membres de son équipe pour cadrer les attentes et objectifs du débat. Dans ce document, M. Obama se présente comme l'outsider face à M. McCain dont «l'aire d'expertise» sont les affaires internationales.

«Si (M. McCain) fait une gaffe, commet une erreur ou ne parvient pas à changer la donne, ce sera un grave coup porté à sa campagne», a estimé le camp Obama. «Compte tenu de sa piètre performance cette semaine, il a désespérément besoin de gagner ce débat haut la main», a ajouté l'équipe du candidat démocrate, qui semblait avoir repris l'avantage dans les derniers sondages à la faveur de la crise financière.

Interrogé pour connaître les objectifs de M. McCain, un de ses principaux conseillers, Mark Salter a répondu que le sénateur de l'Arizona comptait «réaliser une bonne performance face à quelqu'un qui s'est révélé être un bon débatteur, a montré qu'il avait l'étoffe d'un président et qui est capable de parler directement aux Américains de ce en quoi il croit».

Andra Gillespie, professeur de sciences politiques de l'université Emory, a estimé que M. McCain est «manifestement le favori du débat» en raison de son expérience en politique étrangère.

«McCain possède un avantage dans ce débat dont le principal sujet seront les affaires étrangères. M. Obama doit prouver qu'il comprend les affaires internationales», a dit John Geer, professeur de l'université Vanderbilt.

Deux autres débats entre MM. Obama et McCain sont prévus les 7 et 15 octobre. Les candidats à la vice-présidence, Joe Biden et Sarah Palin seront quant à eux face à face le 2 octobre à l'occasion de leur unique débat télévisé.

M. McCain avait brusquement décidé mercredi de suspendre sa campagne pour s'occuper de la crise du système financier américain et réclamé un report du débat. Cette annonce était survenue alors que plusieurs sondages décelaient une baisse sensible des intentions de vote en sa faveur.

Il restait vendredi 39 jours avant l'élection présidentielle du 4 novembre.