Le guide suprême iranien a affirmé dimanche préférer ne pas conclure d'accord sur le nucléaire plutôt que de signer un «mauvais accord», les chefs de la diplomatie iranienne et américaine se disant peu favorables à une nouvelle prolongation des négociations.

En novembre, l'Iran et le groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) se sont entendus pour parvenir d'abord à un accord politique avant la date butoir du 31 mars et ensuite en finaliser les détails techniques pour un accord global avant le 1er juillet. Mais ces négociations piétinent, laissant craindre une nouvelle extension des discussions, déjà prorogées à deux reprises.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire en Iran, a répété dimanche que Téhéran n'était pas prêt à accepter un accord à tout prix, tout en se disant favorable à une «poursuite des négociations pour parvenir à un bon accord», selon son site Khamenei.ir.

«Il vaut mieux pas d'accord que de conclure un accord en contradiction avec les intérêts de notre nation», a-t-il déclaré.

Pour le numéro un iranien, «nos négociateurs tentent d'enlever l'arme des sanctions des mains de l'ennemi. S'ils réussissent tant mieux, mais sinon tout le monde doit savoir qu'il y a de nombreux moyens dans le pays pour atténuer» l'impact des sanctions économiques occidentales visant Téhéran en raison de son programme nucléaire.

L'ayatollah s'est par ailleurs montré peu enclin au calendrier en deux étapes: «l'expérience montre que c'est un moyen pour (les grandes puissances) de pinailler sur tous les détails (...) Tout accord doit se faire en une seule étape et comprendre le cadre général et les détails. Il doit être clair et non sujet à interprétation».

M. Khamenei a aussi critiqué «l'attitude des États-Unis et de quelques pays européens qui, d'une manière illogique, veulent que toutes leurs demandes soient réalisées».

«Pas la fin du monde»

Quelques heures auparavant à Munich (Allemagne), le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a estimé qu'un nouveau report de la date butoir du 31 mars n'était «dans l'intérêt de personne».

Son homologue américain John Kerry -- qu'il a rencontré à deux reprises depuis vendredi, en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich -- a également exclu toute prolongation des négociations au-delà de la date butoir à moins que les contours d'un accord ne soient dessinés d'ici là.

«La seule chance que je vois pour une prolongation à ce stade serait que l'on dispose vraiment des contours d'un accord», a déclaré M. Kerry lors d'un entretien enregistré samedi à Munich et diffusé dimanche matin sur la chaîne américaine NBC.

À ce moment-là, «vous comprenez exactement ce que vous faites. Et vous prolongez parce que vous devez compléter les annexes, qui sont un peu plus détaillées».

«Mais si vous n'êtes pas capable de prendre les décisions fondamentales (...) je pense qu'il est impossible de prolonger», a relevé M. Kerry, appelant l'Iran à prendre des «décisions prouvant que votre programme est pacifique».

De son côté, M. Zarif, après un entretien de 90 minutes avec M. Kerry, a affirmé: «Si nous n'arrivons pas à un accord, ce ne sera pas la fin du monde. On aura essayé, on aura échoué (...) on trouvera d'autres procédures».

Les grandes puissances exigent que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'empêcher qu'il puisse disposer un jour de la bombe atomique. Téhéran, qui dément tout caractère militaire de son programme, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée totale des sanctions économiques occidentales.

Ces négociations ont redémarré en novembre 2013 sur la base d'un accord intérimaire gelant certaines activités sensibles de l'Iran en échange d'une levée partielle des sanctions très pénalisantes pour l'économie iranienne.

En Israël, ennemi juré de l'Iran, le premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que son pays ferait «tout pour contrecarrer cet accord dangereux qui ferait planer un nuage noir sur (sa) sécurité».