Les États-Unis vont réfléchir aux moyens d'une possible «pression supplémentaire» sur l'Iran, après un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) accusant ce pays d'avoir cherché à se doter de l'arme atomique, a annoncé Washington mercredi.

«Ce sont des allégations très graves, des accusations graves, et l'Iran doit, enfin, dialoguer de façon crédible et transparente avec l'AIEA pour répondre aux inquiétudes», a commenté Mark Toner, un porte-parole du département d'État.

Dans un rapport mardi, l'AIEA a exprimé de «sérieuses inquiétudes» sur ce programme en invoquant des informations «crédibles» selon lesquelles l'Iran a travaillé à la mise au point de l'arme atomique, livrant pour la première fois des éléments étayant les soupçons occidentaux sur des visées militaires.

L'administration Obama, a annoncé M. Toner, va consulter ses alliés et partenaires et «examiner les moyens d'imposer une pression supplémentaire à l'Iran». «Nous envisageons toute une gamme de possibilités», a-t-il ajouté.

Selon M. Toner, le rapport «démontre ce que les États-Unis savent et disent depuis des années, à savoir que l'Iran a eu un programme d'armes nucléaires, et qu'il lui reste à fournir la preuve qu'il a renoncé à son intention de développer des armes nucléaires».

Les grandes puissances du groupe des Six ou 5+1 (Allemagne, Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) ont réagi de façon décousue au rapport.

Paris et Londres sont pour de nouvelles et fortes sanctions contre l'Iran. La Russie a, en revanche, fait savoir mercredi qu'elle ne soutiendrait pas de nouvelles sanctions, jugeant qu'il n'y avait rien de «fondamentalement nouveau» dans le document de l'AIEA.

«Nous continuons d'être en consultation avec les Russes et les autres membres du P5+1», a prudemment réagi M. Toner. Alors qu'un accord semble peu probable dans l'immédiat, le porte-parole américain a toutefois souligné que de nouvelles sanctions unilatérales étaient possibles.

Depuis 2007, l'ONU a infligé à l'Iran quatre séries de sanctions économiques et financières. De leur côté, les Occidentaux, Américains et Européens en tête, ont pris des sanctions allant bien plus loin que celles décidées par les Nations unies.

Toutes ces mesures ont un impact sur l'économie de la République islamique, mais «elles n'ont pas été efficaces jusqu'à présent» pour remettre en cause son programme nucléaire, a commenté mercredi l'analyste Matthew Kroenig.

D'après ce membre du Conseil des affaires étrangères (CFR), un centre de réflexion américain, la Banque centrale iranienne et le secteur pétrolier et gazier sont les deux cibles restantes contre lesquelles un durcissement des sanctions serait envisageable.

Quoi qu'il arrive, a souligné M. Kroenig, les sanctions pourront ralentir le programme, mais sans doute pas conduire à son abandon complet par l'Iran.