Mitt Romney, qui peine encore à convaincre la base du parti républicain, s'est présenté vendredi à Washington au rassemblement annuel des conservateurs comme l'un des leurs, «fier de se cramponner à son pistolet, à sa religion et à sa constitution».

La Conférence politique des conservateurs (CPAC), rassemblement de conservateurs américains qui forment le noyau dur des électeurs républicains, était un baptême de feu pour le multimillionnaire Romney venu à la rencontre d'un public loin de lui être acquis quand il ne lui est pas franchement hostile.

Il y a quatre ans, en pleine campagne pour l'investiture républicaine, l'ancien gouverneur du Massachusetts y avait annoncé son retrait de la course et s'y était fait huer.

Vendredi, c'est sous des applaudissements nourris que le multimillionnaire a âprement défendu son bilan d'homme politique conservateur, le seul capable, selon lui, d'unir les républicains pour battre Barack Obama.

«Ce pays que nous aimons est en danger. Je suis convaincu que si nous accomplissons notre tâche avec conviction et intégrité, l'Histoire retiendra la présidence d'Obama comme le dernier râle de la gauche et comme le tournant d'une nouvelle ère du conservatisme», a-t-il plaidé.

Dans l'espoir de doucher les critiques sur son profil trop modéré, qui lui ont valu notamment des défaites lors des trois derniers scrutins pour l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de novembre, Mitt Romney n'a cessé de reprendre à son compte toutes les valeurs conservatrices.

«Ma famille, ma foi, ma carrière --je connais le conservatisme parce que je vis le conservatisme», a-t-il déclaré.

Petits-fils d'immigrés britanniques, fils d'un self-made-man, père de 5 fils et marié depuis 42 ans: «Mon chemin vers le conservatisme me vient de ma famille».

Il a ensuite défendu son bilan à la tête du Massachusetts, «l'un des États les plus ancré à gauche»: réduction des impôts, baisse des dépenses publiques, rééquilibrage du budget.

«Nous, les conservateurs, ne sommes pas seulement fiers de nous cramponner à nos pistolets et à notre religion. Nous sommes aussi fiers de nous cramponner à notre constitution», a-t-il encore lancé, estimant que la prochaine présidentielle serait «une bataille pour l'âme de l'Amérique».

Le multimillionnaire, dont la campagne est mieux financée et organisée et qui bénéficie du soutien des cadres du parti, s'exprimait peu après Rick Santorum, l'un des grands favoris de cette rencontre.

Galvanisé par ses trois dernières victoires dans le Minnesota, le Missouri et le Colorado, ce catholique décomplexé et traditionaliste était devant le CPAC comme un poisson dans l'eau.

Sans jamais prononcer le nom de Mitt Romney, l'ancien sénateur de Pennsylvanie (Nord-Est) s'est pourtant livré à une attaque en règle contre lui, s'en prenant à un certain «beau-fils d'Obama, cette personne du Massachusetts qui a mis en place le plus grand système d'assurance maladie établi par un État aux États-Unis».

Les trois scrutins remportés cette semaine par Rick Santorum ne changent pour l'instant rien dans la course aux 1114 délégués nécessaires pour obtenir l'investiture du parti républicain.

D'après CNN, Mitt Romney, grâce à sa victoire dans l'État très peuplé de Floride, après celle engrangée dans le New Hampshire, pouvait dès mardi compter sur 106 délégués, Newt Gingrich sur 38 et Rick Santorum sur 22.

Le président du puissant lobby des armes, la National Rifle Association (NRA), David Keene, également membre du conseil d'administration de l'association des conservateurs républicains, qui organise le CPAC, estime pourtant que le parti reste toujours hésitant au sujet de Mitt Romney.

«Il rassemble de plus en plus de conservateurs lors des primaires, mais il n'est toujours pas parvenu à conclure un accord avec de nombreux militants», a-t-il expliqué.