Le groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie a diffusé jeudi une vidéo qui montre deux hommes présentés comme des soldats turcs être brûlés vifs, au moment où les forces d'Ankara combattent l'EI au prix de lourdes pertes. Les images montrent deux hommes en uniforme enfermés dans une cage, dont ils sont extirpés avant d'être attachés et brûlés vifs dans cette vidéo signée de la «Province d'Alep» de l'EI, dans le nord de la Syrie.

Dans la vidéo de 19 minutes, le bourreau, qui s'exprime principalement en turc, s'en prend au président turc Recep Tayyip Erdogan, auquel il reproche notamment d'avoir ouvert la base aérienne turque d'Incirlik (sud) à la coalition internationale anti-djihadiste menée par les États-Unis, et appelle à «semer la destruction» en Turquie.

La publication de cette vidéo survient alors que la Turquie, frappée cette année par plusieurs attentats attribués à l'EI, tente de s'emparer d'Al-Bab, un bastion des djihadistes dans le nord de la Syrie.

Seize soldats turcs y ont été tués mercredi, le bilan le plus meurtrier enregistré par Ankara en une journée depuis le déclenchement, fin août, de son intervention militaire dans le nord de la Syrie.

La mise en scène macabre des images diffusées jeudi par l'EI rappelle une autre vidéo, publiée l'année dernière, montrant l'immolation par le feu d'un pilote jordanien qui avait été capturé par le groupe djihadiste.

Aucune réaction officielle turque n'a pu être obtenue dans l'immédiat.

Les internautes turcs rencontraient dans la nuit de jeudi à vendredi des difficultés pour accéder à Twitter, YouTube et Facebook.

Avant d'être brûlées, les deux victimes se sont présentées, en turc, comme étant Fethi Sahin, né à Konya (centre de la Turquie), et Sefter Tas, âgé de 21 ans et ayant servi à Kilis (sud-est).

Selon des médias turcs, un militaire du nom de Sefter Tas avait été enlevé par l'EI le 1er septembre 2015, mais le rapt n'avait pas été confirmé par Ankara.

Par ailleurs, l'armée turque avait affirmé le mois dernier avoir perdu tout contact avec deux de ses soldats en Syrie, dont l'agence de presse affiliée à l'EI, Amaq, avait revendiqué plus tôt l'enlèvement. Là encore, les autorités turques n'ont pas confirmé.

La publication de la vidéo survient quelques heures après que le président turc eut affirmé que la Turquie restait «déterminée» à combattre l'EI en dépit des pertes essuyées à Al-Bab.

«Certes, nous avons à ensevelir des martyrs. Mais nous sommes déterminés à entretenir leur mémoire, à défendre ce qu'ils nous ont légué et à poursuivre cette lutte», a ainsi affirmé jeudi M. Erdogan.

Selon un décompte de l'AFP, au moins 38 soldats turcs ont été tués en Syrie depuis le lancement, le 24 août, de l'opération turque «Bouclier de l'Euphrate».

Dans la vidéo publiée jeudi, le bourreau somme l'armée turque de se retirer des territoires contrôlés par l'EI en Syrie. «Sinon ces terres deviendront votre cimetière», affirme-t-il.

Outre les djihadistes, l'offensive turque dans le nord de la Syrie vise les milices kurdes des YPG (Unités de protection du peuple), alliées des États-Unis en Syrie dans la lutte contre l'EI.