Des combats acharnés opposent dans le nord de la Syrie le groupe État islamique (EI) aux forces kurdes soutenues par les frappes de la coalition dirigée par Washington qui a réaffirmé sa volonté d'intensifier la lutte contre les djihadistes.

Depuis dimanche, les raids intenses de la coalition et les combats au sol impliquant les forces kurdes ont fait au moins 78 morts dans les rangs de l'organisation extrémiste dans le nord du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Nous intensifions nos efforts contre les bases de l'EI en Syrie», a déclaré lundi le président américain Barack Obama.

Selon lui, les plus de 5000 frappes aériennes menées en Irak et en Syrie ont permis d'éliminer «des milliers de combattants dont des haut responsables de l'EI». «C'est une campagne sur le long terme», a-t-il ajouté.

D'après le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, les bombardements américains visent d'abord à soutenir les avancées des forces kurdes.

Débutés en Syrie en septembre 2014, les raids ont aidé les Kurdes à chasser l'EI des villes de Kobané et Tall Abyad, à la frontière avec la Turquie, et d'avancer au coeur même de la province de Raqa, fief de l'organisation ultraradicale qui a décrété il y un an un «califat» à cheval sur la Syrie et l'Irak.

L'EI chassé de villages

Depuis lundi, les frappes de la coalition ont également permis aux Kurdes de reprendre le contrôle de plus de 10 villages entre les provinces de Raqa et Hassaké, plus à l'est, après des attaques-surprises des djihadistes.

«Les avions de la coalition ont joué un rôle efficace dans la reprise» de ces localités, a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

«Des combats acharnés se déroulent encore mardi tout le long de cet axe entre Raqa et Hassaké», précise-t-il.

Alors que les djihadistes avaient pris lundi la localité d'Aïn Issa, à une cinquantaine de km au nord de la ville de Raqa, des responsables kurdes et des militants ont assuré qu'ils en avaient été chassés à l'issue d'intenses combats. «Il reste encore quelques poches dans le sud de la localité», a précisé à l'AFP Mustafa Ebdi, un militant kurde.

Sur le front d'Alep (nord), deuxième ville du pays divisée entre zones rebelle et du régime, les combats se poursuivaient à l'ouest de la métropole où deux coalitions rebelles ont lancé une offensive majeure la semaine dernière.

Mardi, les forces du régime, appuyées par le Hezbollah chiite libanais, tentaient de reprendre le Centre de recherches scientifiques pris par Fatah Halab, une coalition de rebelles dits modérés.

La prise de ce centre militaire stratégique situé à la périphérie ouest a été l'un des plus importants changements intervenus sur le terrain en deux ans.

Elle permet en effet aux rebelles de se rapprocher pour la première fois des quartiers ouest contrôlés par le régime.

Un prêtre enlevé

Au sud-ouest d'Alep, un prêtre franciscain irakien a été enlevé samedi par le Front Al-Nosra, branche d'Al-Qaïda, a indiqué mardi l'OSDH.

Plusieurs religieux chrétiens ont été kidnappés depuis le début du conflit en 2011, dont le prêtre italien jésuite Paolo Dall'Oglio, dont le sort reste inconnu.

Dans le centre du pays, des dizaines de familles ont fui mardi Palmyre vers d'autres zones sous le contrôle de l'EI après des raids aériens de l'armée sur la cité, selon l'OSDH.

Ces frappes sont «d'une intensité inédite depuis la prise de Palmyre par l'EI le 21 mai», a dit M. Abdel Rahmane, en faisant état d'au moins cinq morts parmi les civils.

Les ruines de la cité antique de Palmyre, classée au patrimoine mondial de l'Humanité, n'ont pas été endommagées par les bombardements, a-t-il précisé.

Dans la province de Deraa (sud), l'OSDH a fait en outre état de la mort de neuf personnes, dont six enfants, tuées dans des frappes du régime.

La guerre en Syrie, qui a fait plus de 230 000 morts en quatre ans et opposait à l'origine les forces du régime aux rebelles, est devenue complexe avec l'implication des Kurdes et des djihadistes.

Le régime, soumis à de sévères sanctions internationales, reçoit un soutien de poids de la part de l'Iran qui lui a accordé une troisième ligne de crédit d'un milliard de dollars selon l'agence officielle Sana.