Le général Khalifa Haftar, homme fort de l'armée libyenne, assure, dans un entretien à l'AFP, qu'il reprendra le contrôle de la ville de Benghazi d'ici un mois et appelle la communauté internationale à accroître son soutien.

«Les opérations dans Benghazi prendront fin avant la mi-avril», a assuré le général Haftar à l'AFP qui l'a interrogé lundi soir dans un QG à Al-Marj, à 100 km au nord-est de Benghazi, dans l'est de la Libye.

Des combats parfois violents opposent depuis plusieurs mois les forces du général Haftar aux groupes islamistes armés qui contrôlent en partie la deuxième ville libyenne.

«Nous mettrons fin dans pas longtemps à la présence de cet ennemi dans toute la région», affirme M. Haftar. «La chute de ces terroristes est proche».

M. Haftar, âgé de 72 ans, est devenu un acteur incontournable de la crise libyenne depuis qu'il a été nommé début mars commandant des forces armées par le Parlement reconnu par la communauté internationale.

Ce personnage controversé s'était auparavant proclamé chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), une force paramilitaire formée notamment d'officiers ayant fait défection de l'armée de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, tué en 2011.

Il estime que le pays a besoin d'une direction forte pour faire face à «l'absence d'ordre public, de loi et de discipline, sans compter la montée de mouvances suspectes dans les principaux centres de pouvoir».

Le général Haftar, qui a longtemps vécu aux États-Unis, appelle en outre la communauté internationale à se mobiliser davantage pour «se tenir aux côtés de l'armée libyenne», en soulignant «la gravité de la crise que traverse la Libye depuis la chute du régime Kadhafi».

«Champ fertile pour le terrorisme»

«L'absence de l'État et de ses institutions» a fait du pays «un champ fertile pour le terrorisme et l'extrémisme», souligne-t-il.

La situation sécuritaire s'est encore complexifiée avec l'arrivée du groupe djihadiste État islamique (EI), qui a revendiqué en janvier un assaut spectaculaire contre un hôtel à Tripoli, qui a fait neuf morts, puis la décapitation de 21 chrétiens, la plupart égyptiens, en février.

Ces derniers jours, des djihadistes de l'EI se sont opposés, pour le contrôle de la ville de Syrte, à des membres de Fajr Libya, la coalition de milices, notamment islamistes, implantées dans la capitale Tripoli.

Dans ce contexte chaotique, M. Haftar explique qu'il oeuvre en même temps pour «lutter contre le terrorisme et reconstruire les forces armées libyennes sur des bases professionnelles et une idéologie nationale».

«L'armée doit être gardienne du processus politique», insiste-t-il, en promettant de travailler pour «constituer une armée moderne à même de protéger les frontières du pays, empêcher l'afflux des migrants clandestins vers la rive nord de la Méditerranée (...) à travers la coopération avec les pays amis».

Ces derniers sont, selon lui, les pays européens, préoccupés à la fois par l'EI et le débarquement de clandestins dont des dizaines de milliers ont traversé la Méditerranée à partir de la Libye l'an dernier.

Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont évoqué lundi à Bruxelles l'opportunité d'envoyer une mission en Libye si un gouvernement d'unité nationale était formé.

Ils comptent pour cela sur un résultat positif des négociations entamées entre les deux Parlements rivaux libyens sous l'égide de l'ONU. Ce «dialogue» doit reprendre jeudi au Maroc pour entrer dans «une phase décisive», selon le médiateur de l'ONU Bernardino Leon.

La nomination de M. Haftar comme commandant de l'armée est l'un des enjeux de ces discussions, puisqu'elle est fortement contestée par le Parlement de Tripoli, qui le considère comme «un criminel de guerre».