Le G20, qu'est-ce que ça donne au-delà de la jolie photo de famille des leaders politiques? Le club des 20 guérit-il vraiment les maux économiques et financiers de la planète? Survol des tenants et aboutissants alors que le sommet de Pittsburgh s'ouvre aujourd'hui.

Q Qu'est-ce que le G20? Pourquoi a-t-il été créé?

R C'est à Washington DC, en novembre 2008, qu'a été créé le sommet des leaders du G20. Il diffère d'une autre entité, fondée en 1999, portant le même nom, mais qui regroupe uniquement des ministres des Finances. Créé en réponse à la crise économique mondiale, le G20, qui se réunit pour la troisième fois en moins d'un an, regroupe les leaders politiques des pays industrialisés du G8 en plus des chefs politiques de grandes économies émergentes, dont la Chine et l'Inde. Son mandat principal est de trouver des solutions à la crise économique et financière actuelle.

Q En quoi les économies émergentes, qui n'ont pas été à l'origine de la crise, bénéficient-elles de ce forum?

R «C'est beaucoup mieux pour ces pays que le G8. Ils ont voix au chapitre. Avant la crise économique, peu de leaders - dont George W. Bush - croyaient à la nécessité d'un tel forum. Mais la crise est arrivée et on a réalisé que ça ne pouvait pas se régler seulement entre pays riches. On avait besoin d'un rééquilibrage de certaines relations économiques mondiales. Il était évident que des pays comme la Chine et le Brésil avaient quelque chose à dire sur le sujet», explique l'économiste Daniel Schwanen, directeur adjoint aux programmes du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale (CIGI), qui vient de consacrer une étude aux enjeux auxquels le G20 doit faire face à Pittsburgh.

Q Le G20 fait-il bien son travail?

R «Ce groupe a été important pour maintenir la confiance à l'endroit de l'économie mondiale qui commençait à nous échapper. Il y a eu un mouvement commun pour faire face à la crise économique. Ça aurait été catastrophique si les plus grandes économies du monde avaient pris des mesures contraires les unes des autres pour gérer la crise», explique M. Schwanen, en ajoutant que le G20 a fait bonne figure dans sa gestion des stimulants économiques pour relancer l'économie mondiale, mais qu'il n'a pas été aussi performant pour revoir la réglementation financière. «Ça prend des solutions à court terme, mais si on ne résout pas à long terme les problèmes qui ont mené à la crise, le G20 aura échoué.»

Q Quels sont les enjeux de la réunion de Pittsburgh?

R «C'est une réunion cruciale. La question qui se pose à Pittsburgh est la suivante: peut-on arriver à une entente sur la structure des marchés financiers?», souligne Daniel Schwanen. Les pays du G20 s'entendent sur le diagnostic de la crise financière, notamment sur le fait qu'il y a eu des excès dans la spéculation financière, mais trouver un remède commun n'est pas évident. Des différences idéologiques majeures sont notamment apparues entre les États-Unis et l'Europe. «Le pire qui peut arriver est que des pays partent en claquant la porte», croit l'économiste.

Q Et le Canada dans tout ça?

R «Le Canada arrive au sommet avec une bonne réputation. Nous ne sommes pas un des pays demandeurs. On veut surtout voir les autres redresser la situation chez eux. On veut aussi se sortir de la crise sans trop créer d'inflation et on va privilégier les mesures qui vont en ce sens», estime M. Schwanen. «Le Canada est aussi dans une bonne situation pour bâtir des ponts entre les pays qui ont des opinions divergentes», conclut l'expert.

 

20 PAYS, 20 ÉCONOMIES

Le G20 est composé des pays industriels, membres du G8 ainsi que d'économies émergentes. Collectivement, ces pays représentent 90% du produit national brut mondial et 80% du commerce international.

Des Amériques: Argentine, Brésil, Canada, États-Unis, Mexique

D'Asie: Arabie Saoudite, Corée du Sud, Chine, Inde, Indonésie, Japon, Turquie

D'Afrique: Afrique du Sud

D'Europe: Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Russie, Union européenne

D'Océanie: Australie