Les négociations marathon entre les Tories et les Lib Dems ont été suspendues sans résultats concrets dimanche mais elles reprendront lundi afin de tenter de dénouer la crise institutionnelle engendrée par l'absence de majorité absolue à l'issue des législatives britanniques.

Les pourparlers entre conservateurs et libéraux-démocrates, lancés vendredi soir, avaient repris dimanche à 10H00 GMT et se sont poursuivis pendant près de six heures. Ils ont été «très positifs et productifs», a assuré William Hague, pressenti pour diriger la diplomatie britannique dans un futur gouvernement conservateur.

Les négociations se poursuivront «dans les 24 heures qui viennent», a-t-il ajouté en sortant de la réunion. «Nous avons eu de bonnes discussions», a-t-il dit, citant parmi les sujets abordés la «réduction du déficit» budgétaire britannique, qui avoisine les 12% du Produit intérieur brut.

Le chef de cabinet de Nick Clegg, le chef de file libéral-démocrate, a quant à lui évoqué une «réunion utile». «Tout accord sera centré sur la réduction du déficit», a indiqué Danny Alexander.

Les deux équipes de négociateurs devaient ensuite rendre compte à leur chef de parti de la progression des discussions. M. Clegg et son homologue Tory David Cameron ont à nouveau parlé au téléphone dimanche après s'être rencontrés samedi, ont précisé des sources conservatrices. Les parlementaires conservateurs se réuniront de leur côté lundi à 17H00 GMT.

Parallèlement à ces négociations conservateurs/libéraux-démocrates, le Premier ministre travailliste sortant Gordon Brown a maintenu la pression sur les Lib Dems, qu'il courtise lui aussi.

M. Brown, qui peut se maintenir tant qu'un nouveau gouvernement n'est pas en mesure de se former, a rencontré Nick Clegg dans l'après-midi, selon des sources travaillistes et libérales.

La rencontre au ministère des Affaires étrangères était destinée à faire le point sur la situation et a débouché sur un entretien «amical», selon ces sources. Il s'agissait du premier face à face entre les deux hommes depuis les législatives.

Gordon Brown avait tendu la main dès vendredi aux Lib Dems, leur proposant un accord si les négociations capotaient avec les Tories. Pareil scénario pourrait gagner en crédibilité en début de semaine en cas d'absence de résultats concrets dans les pourparlers avec les conservateurs, selon les médias.

Dans un courriel aux membres du Labour, M. Brown a répété dimanche que son «devoir en tant que Premier ministre» est de chercher à dénouer la crise. Un troisième député travailliste a cependant appelé dimanche à sa démission , de la tête du Labour et donc du gouvernement.

Les négociations Tories/Lib Dems ont été lancées vendredi soir après l'offre d'un «accord global» faite par David Cameron. Les Tories ont été poussés à offrir ce mariage de raison après avoir échoué à obtenir une majorité absolue. Les Lib Dems, arrivés en troisième position, se sont ainsi transformés en faiseurs de roi.

Le mariage conservateurs/libéraux semble contre nature à plus d'un libéral. Le parti centriste penche plus vers la gauche et les points de divergence sont nombreux et sérieux, en particulier la réforme du mode de scrutin, jugé inique par les Lib Dems.

Les libéraux veulent la proportionnelle, à la place de l'actuel système uninominal majoritaire, mais les Tories proposent tout au plus de lancer la réflexion. Les travaillistes ont pour leur part promis un référendum sur la réforme du système électoral.

Le délai dans la formation du nouveau gouvernement risque de contrarier les marchés qui s'étaient déjà montrés très fébriles vendredi.

Un accord peut techniquement attendre jusqu'au 25 mai: la reine présentera à cette date au Parlement le programme du nouveau gouvernement et un vote de confiance aura lieu.