Dans un geste d'éclat qui ressemble à une tentative désespérée pour échapper à son extradition en Suède, Julian Assange s'est réfugié mardi dans l'ambassade de l'Équateur à Londres. Le président de l'Équateur, Rafael Correa, a dit vouloir prendre «le temps nécessaire» pour étudier la demande de celui qu'il a déjà décrit comme un homme «persécuté». Tant qu'Assange reste dans l'ambassade, les autorités britanniques ne peuvent rien faire. Mais les possibilités que la Grande-Bretagne laisse l'Équateur emmener Julian Assange en Amérique latine sont très minces. Explications.

JULIAN ASSANGE

Fondateur de WikiLeaks

La Cour suprême britannique a rejeté, la semaine dernière, la dernière demande de réexamen du dossier de Julian Assange. La procédure d'extradition en Suède peut donc être appliquée à compter du 28 juin.

Assange refuse vigoureusement d'être emmené en Suède pour faire face à des accusations d'agressions sexuelles et de viols, mais il craint surtout d'être envoyé aux États-Unis pour répondre de la divulgation des câbles diplomatiques secrets. Le dernier recours possible pour Assange est de s'adresser à la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg. En attendant, en passant deux nuits à l'extérieur de son domicile, l'homme a enfreint deux fois le couvre-feu de 22h à 8h imposé par ses conditions de mise en liberté. Autre élément non négligeable pour ceux qui l'appuient: en enfreignant ces conditions, Julian Assange a compromis la remise par la cour de la caution de 200 000 livres sterling (320 000 dollars) payée notamment par ses partisans, dont le réalisateur américain Michael Moore et le cinéaste britannique Ken Loach.

RAFAEL CORREA

Président de l'Équateur

L'appui du président socialiste équatorien à Julian Assange s'est manifesté dès la publication des câbles diplomatiques en 2010, lorsqu'il lui a offert l'asile politique.



Photo: Leon Neal, AFP

Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange.

Le fondateur de WikiLeaks, a encore affirmé en avril Rafael Correa, est un homme «persécuté, calomnié et lynché médiatiquement». «Il faut voir si Julian Assange court un danger de mort», a déclaré le président, réputé pour ses positions antiaméricaines, en marge du sommet de l'ONU Rio+20. «Il faut analyser s'il a eu droit à un procès équitable. L'Équateur est un pays qui rejette la persécution pour motifs idéologiques.» Mais Correa a eu ses propres controverses au sujet de la liberté d'expression dans son pays. L'an dernier, il a porté plainte avec succès contre un journal qui l'avait traité de «dictateur», avant de gracier les journalistes qui avaient été condamnés à la prison. L'ambassadrice de l'Équateur en Grande-Bretagne a cependant dit mercredi avoir assuré le gouvernement britannique «qu'il n'était pas dans les intentions du gouvernement équatorien d'interférer dans les processus des gouvernements suédois ou britanniques».

Photo: Sergio Moraes, Reuters

Le président équatorien Rafael Correa.