Les Frères musulmans libyens, durement réprimés sous le régime de Mouammar Kadhafi, ont ouvert jeudi soir leur premier congrès public en Libye en près de 25 ans à Benghazi, le berceau de la rébellion dans l'est du pays.

«C'est un jour historique pour nous et pour le peuple libyen», a déclaré à l'AFP Souleimane Abdel Kader, le chef de la confrérie en Libye.

Selon des responsables des Frères musulmans libyens, c'est la première fois en près de 25 ans que la confrérie tient un congrès public en Libye, où elle se réunissait régulièrement mais en secret, de peur de représailles. Elle organisait en revanche des congrès publics à l'étranger.

Des responsables de l'exécutif du Conseil national de transition (CNT), ont assisté à l'ouverture du congrès, comme le ministre des Affaires islamiques Salem el-Cheikhi et celui de la Défense, Jalal al-Degheili. Des représentants du parti islamiste tunisien Ennahda étaient également présents.

Au cours des trois prochains jours, les Frères musulmans libyens doivent élire un nouveau chef - ou reconduire l'actuel - et discuter de leur stratégie dans la période à venir, en décidant en particulier de l'opportunité de fonder un parti politique, ajouté M. Abdel Kader.

La confrérie soutient l'idée d'un État «civil», mais fondé sur les valeurs de l'islam, a-t-il expliqué devant une salle comble.

«L'État (doit être) civil et son identité (doit être) l'islam. Il n'y a pas en islam d'Etat dit religieux. Nous voyons dans l'islam le fondement de la liberté, de la justice et de l'égalité».

Auparavant, une responsable de la branche féminine de la confrérie, Majda al-Fallah, a appelé les femmes «à se libérer». «Nous appelons à la libération de la femme mais sans exporter le modèle occidental. Nous appelons à un modèle islamique», a-t-elle lancé devant une salle comble.

«La femme libyenne doit participer à l'élaboration d'une nouvelle Constitution, elle doit faire partie de tous les domaines --politique, économique, social», a-t-elle ensuite déclaré à l'AFP.

Les islamistes sont une force politique montante de l'ère post-Kadhafi en Libye. Ils disent vouloir promouvoir un islam modéré et se être prêts à partager le pouvoir dans le cadre d'un Etat démocratique.