Le secrétaire d'État John Kerry a estimé qu'un mémo, volontairement rendu public par des diplomates américains mécontents de la gestion de la crise syrienne par l'administration Obama, était «très bon» et qu'il allait rencontrer ces diplomates.

Dans ce mémo qui a fuité la semaine passée, 51 diplomates font part de leur ras-le-bol et insistent sur le fait que Barack Obama a une obligation morale de mettre fin au carnage en Syrie.

Pour contraindre le dictateur syrien à entamer de réelles négociations de paix, selon eux, le président américain doit se résoudre à bombarder le régime de Damas, chose qu'il était sur le point de faire à l'été 2013 avant de se raviser au dernier moment.

Le département d'État a d'ores et déjà fait savoir que les diplomates incriminés ne seraient pas sanctionnés, cette méthode pour manifester son mécontentement étant un processus accepté dans les faits pour ces fonctionnaires.

Interrogé lundi pour savoir s'il avait lu le texte de ses collègues frondeurs, John Kerry a répondu: «Oui. Il est très bon. Je vais les rencontrer».

Plus tard lundi, le porte-parole du département John Kirby a précisé que M. Kerry n'appelait pas à un changement de politique, mais qu'il trouvait dans ce mémo «un argument bien écrit».

Interrogé pour savoir si M. Kerry pourrait suggérer à Barack Obama des frappes sur le régime syrien, le porte-parole a dit que «clairement, quels que soient les idées et les conseils qu'il présente au président, c'est du domaine privé».

«Mais il faut aussi noter qu'il (John Kerry) n'a pas fait mystère de son mécontentement à propos du statu quo en Syrie. Nous ne sommes pas satisfaits du statu quo en Syrie», a ajouté M. Kirby.

En public, le secrétaire d'État s'est toujours montré loyal envers Barack Obama alors que la guerre en Syrie continue après déjà cinq ans de carnage. M. Kerry essaie ainsi toujours de pousser un improbable plan de paix américano-russe pour conduire le président syrien Bachar al-Assad et les rebelles à la table des négociations.

Mais l'apparente bienveillance de M. Kerry vis-à-vis du groupe de diplomates mécontents semble suggérer qu'il est lui aussi frustré par la situation.

Dans le mémo, les diplomates frondeurs estiment qu'une «utilisation judicieuse» de missiles de croisière et des bombardements aériens contre des cibles du régime syrien pousseraient davantage Assad à chercher une solution négociée.