L'accord de cessez-le-feu prévu en Syrie n'est «pas contraignant» pour la Turquie, qui est décidée à riposter à toute attaque contre son territoire de la milice kurde qu'elle considère comme «terroriste», a déclaré jeudi le premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

«Cette trêve n'est pas contraignante pour la Turquie. Elle concerne la Syrie uniquement», a indiqué le chef du gouvernement turc lors d'un point de presse à Konya (centre) retransmis par les chaînes de télévision.

«Lorsqu'il s'agit de la sécurité de la Turquie, nous ne demandons aucune autorisation, nous ferons le nécessaire», a martelé M. Davutoglu, qui a exhorté la milice kurde à s'abstenir catégoriquement de s'en prendre à la Turquie.

De leur côté, les forces kurdes de Syrie ont annoncé jeudi qu'elles respecteront l'accord de trêve qui doit entrer en vigueur ce week-end, tout en se réservant le droit de «riposter» en cas d'attaque, selon un communiqué.

«Nous, les Unités de protection de peuple kurde (YPG), accordons une grande importance au processus de cessation des hostilités annoncé par les États-Unis et la Russie et nous le respecterons, en nous réservant le droit de riposter à l'agresseur (...) si nous sommes attaqués», affirme un communiqué publié jeudi par le porte-parole des YPG Redur Xelil sur sa page Facebook.

Le premier ministre turc Davutoglu s'adressait au PYD (Parti de l'union démocratique, principale formation kurde en Syrie) et à son bras armé les YPG (Unités de protection du peuple), qui contrôlent des zones à la frontière turque et qui ont récemment profité de l'offensive des forces du régime syrien dans le nord, soutenus par les raids de l'aviation russe, pour avancer.

L'artillerie turque a bombardé à plusieurs reprises les positions des YPG, en riposte, selon Ankara, à des tirs de cette milice.

La Turquie est en profond désaccord avec son allié américain au sujet de cette milice que Washington soutient militairement, car elle se trouve en première ligne du combat contre les djihadistes du groupe État islamique (EI).

«Ne pas considérer ces mouvements comme terroristes constitue pour le moins une naïveté», a encore estimé le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu.

Les dirigeants turcs ont attribué l'attentat survenu le 17 février dans le centre d'Ankara et qui a tué 29 personnes à ces mouvements, avec le soutien des rebelles kurdes de Turquie, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) auquel ils sont liés.

Mercredi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait demandé à ce que le PYD-YPG, comme les djihadistes de l'EI et du Front al-Nosra, soit exclu de la proposition américano-russe de cessez-le-feu, acceptée par Damas et, sous conditions, par l'opposition, qui doit débuter vendredi à 22 h GMT (17h, heure de Montréal).